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"La Révolution silencieuse": la leçon de courage de lycéens est-allemands

Avec "La révolution silencieuse", en salles mercredi, Lars Kraume porte à l'écran, l'histoire vraie d'une classe de lycéens de l'Allemagne de l'Est dont le destin bascule après avoir observé une minute de silence pour les révolutionnaires hongrois de 1956.

Ce long-métrage, librement adapté du récit autobiographique de Dietrich Garstka, "La classe silencieuse", se veut un hommage à "la jeunesse, la liberté d'expression, la solidarité et le courage face à la tyrannie", explique le réalisateur allemand à l'AFP.

Théo et Kurt, deux élèves de terminale d'un lycée à Stalinstadt, en Allemagne de l'Est, se rendent à Berlin Ouest pour fleurir la tombe du grand-père de Kurt. Là-bas ils y voient des images d'actualité sur l'insurrection de Budapest, où les Hongrois sont durement réprimés par l'armée soviétique.

De retour à l'école, ils décident spontanément avec leurs camarades d'organiser en classe une minute de silence pour leur rendre hommage. L'incident est rapporté au directeur qui tente de le minimiser. Mais des membres du Parti ont vent de l'affaire, et le ministre de l'Education s'en mêle et veut identifier les meneurs. La minute de silence devient une affaire d'Etat.

Au-delà de l'affaire, le réalisateur veut décrire les années 50 en Allemagne de l'est, une période très peu abordée au cinéma, "car coincée entre la Deuxième Guerre mondiale et les révoltes étudiantes des années 60-70". Lars Kraume s'était déjà intéressé à cette décennie dans son précédent film "Fritz Bauer, un héros allemand".

"C'est un moment passionnant où la société allemande se transforme pour passer du régime nazi à quelque chose de nouveau", ajoute-t-il.

L'histoire se déroule cinq ans avant la construction du mur de Berlin. Et si la bande de lycéens regarde des films américains en cachette et aime danser le rockn'roll, chacun croit avec conviction au socialisme.

- Propagande -

"C'est l'occupation soviétique qu'ils critiquent - tout comme les révolutionnaires hongrois - pas l'idéal socialiste", précise Lars Kraume.

Au début du film, les jeunes évoluent dans une société "où ils ont accès à une bonne école, à de bons logements. Ils sont des adolescents heureux. Ce n’est pas une version sinistre de la RDA", ajoute-t-il.

Le réalisateur a d'ailleurs choisi comme lieu de tournage Eisenhüttenstadt, nouveau nom de l'ancienne Stalinstadt, une ville modèle, entièrement pensée pour les ouvriers de la sidérurgie, à la pointe de la modernité en 1956.

Le scénario de ce film sélectionné au festival de Berlin est bien ficelé, avec une réalisation efficace mais sans grande prise de risque. La force de "La révolution silencieuse", réside dans le solide travail d'acteurs. Excepté le ministre de l'Education nationale, tous les adultes sont joués par des acteurs qui ont grandi en RDA, précise le réalisateur de 44 ans qui lui vient de l'Ouest. A noter, le jeu saisissant de Jonas Dassier, 22 ans, qui incarne Erik, le seul jeune de la classe tenté de se désolidariser du reste.

"Ce n’est que lorsque les adolescents se rendent compte qu'ils ne sont pas autorisés à poser des questions qu'ils commencent à s'interroger sur le monde dans lequel ils vivent", poursuit le réalisateur.

A cette jeunesse en quête de réponses s'oppose radicalement le monde des adultes, incarnés par les parents et l'administration scolaire. Des adultes dépeints comme résignés et lâches face au système.

Seule exception, Edgar, "le vieil anarchiste chez qui les jeunes se retrouvent pour écouter la radio venue de l'Ouest". Chez lui, ils suivent minutieusement le déroulement de l'insurrection de Budapest. Une fois chez eux, ils s'informent avec les journaux de l'Est.

"Ces jeunes sont coincés entre la propagande de l'Est mais aussi celle de l'Ouest, raconte Lars Kraume. C'est en confrontant les versions de chacun qu'ils se forgent leur propre opinion."

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