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"Révolution" roumaine de 1989: le parquet veut poursuivre l'ex-président Iliescu

La justice roumaine a annoncé lundi vouloir lancer des poursuites contre l'ex-chef d'Etat Ion Iliescu et l'ex-Premier ministre Petre Roman mis en cause pour leur responsabilité dans les journées sanglantes qui ont suivi le soulèvement anticommuniste de décembre 1989.

Le procureur général de Roumanie Augustin Lazar a demandé le feu vert du président de la République Klaus Iohannis en vue d'ouvrir des poursuites pénales à l'encontre des deux anciens dirigeants pour "crimes contre l'humanité", selon un communiqué du ministère public. Ce type de crime est imprescriptible et s'agissant d'anciens membres du pouvoir exécutif, le chef de l'Etat doit donner son accord aux poursuites.

Outre MM. Iliescu et Roman, le vice Premier ministre de l'époque, Gelu-Voican Voiculescu, est également visé.

L'annonce de lundi représente une nouvelle étape dans l'investigation fleuve pour tenter de déterminer les responsabilités dans les violences qui ont accompagné la chute du dictateur communiste Nicolae Ceausescu et de sa femme Elena, jugés sommairement et exécutés le 25 décembre 1989.

Classé sans suite en 2015, notamment en raison de la prescription ou de l'absence de preuves, le dossier du soulèvement anticommuniste avait été rouvert en juin 2016 sur décision de la Haute cour de cassation.

Le parquet militaire de la juridiction met en cause la responsabilité de "la nouvelle direction politique et militaire" qui prit le pouvoir après la fuite de Nicolae Ceausescu, le 22 décembre.

Le Conseil du "Front de salut national", mené par Ion Iliescu, un ancien ministre de Ceausescu, a "de facto exercé le pouvoir exécutif et législatif central" du 22 au 27 décembre 1989, estiment les enquêteurs.

Membres de ce Conseil, M. Roman et M. Voiculescu avaient été nommés respectivement Premier ministre le 26 décembre 1989 et vice-Premier ministre le 28 décembre 1989.

"Afin de préserver le pouvoir", les nouveaux dirigeants auraient, selon le parquet, mis en application un "plan" et provoqué "le meurtre, la blessure par balle, le préjudice physique ou mental, ainsi que la détention d'un grand nombre de personnes".

Au total, 1.104 personnes sont mortes en Roumanie durant les événements de décembre 1989, 162 avant la chute de Ceausescu, qui avait ordonné la répression des manifestations, et 942 dans les jours suivants, selon un déroulement qui, 28 ans après, reste encore peu clair.

Selon la justice, 275 personnes ont été déférées depuis 1990 pour leur rôle dans la répression de la "révolution roumaine". L'association des victimes des événements de décembre affirme que seules quelques dizaines d'entre elles ont été condamnées.

Agé de 88 ans, M. Iliescu a présidé la Roumanie de 1989 à 1996 puis de 2000 à 2004.

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