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"Trois jours à Quiberon": le film sur Romy Schneider qui a choqué sa fille

Une interview donnée par Romy Schneider en 1981: à partir de cet épisode, la cinéaste franco-iranienne Emily Atef dresse dans une fiction le portrait d'une femme libre mais malheureuse et en proie à ses démons, qui a choqué la fille de l'actrice iconique.

En compétition au dernier Festival de Berlin, et sorti en Allemagne en avril, "Trois jours à Quiberon", fiction en noir et blanc, s'inspire d'un épisode qui s'est déroulé à la fin de la vie de Romy Schneider.

En cure dans une thalassothérapie à Quiberon au printemps 1981, l'actrice de "Sissi" et "Les Choses de la vie", accepte de recevoir pour une interview le journaliste Michael Jürgs, du magazine allemand Stern, et le photographe Robert Lebeck, avec qui elle a des rapports d'amitié.

Pendant cette rencontre éprouvante de quelques jours, l'actrice - incarnée dans le film par la comédienne allemande vivant en France Marie Bäumer -, dans une période difficile après sa séparation avec son mari Daniel Biasini, va se livrer sur ses difficultés de femme, de mère et d'actrice.

- "femme libre" -

L'idée de ce film est venue du producteur français Denis Poncet, et de l'actrice elle-même, qui s'est fait proposer tout au long de sa carrière des biopics de Romy Schneider en raison de sa ressemblance physique avec l'actrice, décédée en mai 1982.

"J'ai dit que le sujet Romy Schneider était clos pour moi, sauf si on faisait un zoom sur la fin de sa vie", raconte Marie Bäumer à l'AFP.

Pour préparer son film, Emily Atef a commencé par regarder les photos, qui l'ont "profondément marquée", dit-elle. "Ce n'était pas des photos d'un mythe, d'une star maquillée qui posait, d'une icône. C'était des photos d'une femme comme nous", ajoute la réalisatrice, née à Berlin, dont c'est le quatrième long métrage.

"Après j'ai lu l'interview, et ça m'a totalement bouleversée de voir comme Jürgs va loin, et comme elle était sans filtre et ouverte".

A partir de ce matériau, de discussions avec les deux hommes, des nombreuses photos que lui a données le photographe - près de 600 alors que seulement une vingtaine avaient été publiées - et d'autres interviews à la presse allemande, la cinéaste raconte avoir "créé une fiction".

"C'était un film sur cette femme libre que je voulais raconter, sur cette relation aussi avec l'Allemagne", avec "la presse allemande de cette époque qui la cassait", explique-t-elle.

- "une fiction" -

Pendant près de deux heures, le spectateur suit l'évolution des quatre personnages présents à Quiberon, Michael Jürgs, Robert Lebeck et Romy Schneider, mais aussi son amie Hilde venue lui rendre visite - réinventée à partir de la vraie amie sur place -.

Marie Bäumer y incarne avec talent - ce qui lui a valu plusieurs prix d'interprétation - une Romy Schneider malheureuse, fragile et excessive, sans filtre, menacée par des démons, l'alcool et les médicaments, mais cherchant à aller vers la lumière.

Une vision de sa mère que la fille de Romy Schneider, la comédienne Sarah Biasini, 40 ans, qui n'a pas été consultée pour ce film, conteste cependant vivement.

Emboîtant le pas de son père, qui a jugé que le film était "à un moment donné à vomir", Sarah Biasini s'est déclarée "scandalisée" auprès de l'AFP, estimant que "les gens qui vont aller voir ce film ne verront pas un film sur sa mère".

"Le film contient de multiples insinuations et sous-entendus qui sont totalement mensongers", a-t-elle ajouté, critiquant notamment le fait que sa mère y soit montrée comme dépendante aux médicaments et à l'alcool.

"Elle allait tous les ans à Quiberon, mais pour faire une thalassothérapie" dit-elle. "Ce n'était pas un centre de désintoxication".

La cinéaste Emily Atef dit "comprendre" Sarah Biasini. "Je comprends que c'est très difficile quand on voit quelque chose sur sa mère, surtout quand c'est une actrice qui joue sa mère", a-t-elle indiqué à l'AFP.

Mais "ce n'est pas un documentaire. C'est une fiction d'après des discussions avec des gens qui étaient là bas, d'après des photos que j'ai eues", ajoute-t-elle, soulignant n'avoir "jamais dit qu'elle était en désintoxication".

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