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Après avoir nié, Tariq Ramadan reconnaît des relations sexuelles "consenties" avec deux femmes qui l'accusent de viol

Tariq Ramadan, mis en examen pour le viol de deux femmes avec lesquelles il niait jusqu'ici tout rapport physique, a finalement reconnu lundi devant les juges d'instruction avoir eu avec elles des relations sexuelles "consenties", a déclaré son avocat.

Les messages échangés entre l'intellectuel musulman et ces deux femmes "démontrent que les parties civiles ont menti et que les relations sexuelles ont été parfaitement souhaitées, consenties et même par la suite de nouveau recherchées", a affirmé Me Emmanuel Marsigny.


Il reconnaît une relation sexuelle après avoir nié

L'audition de lundi est intervenue après la révélation fin septembre de 399 SMS échangés entre M. Ramadan, incarcéré depuis le 2 février, et Paule-Emma Aline, surnommée "Christelle" dans les médias, extraits d'un téléphone de l'accusatrice par un expert mandaté par les juges.

Il y détaillait à l'avance ses fantasmes sexuels violents et dominateurs. "J'ai senti ta gêne... désolé pour ma 'violence'", reconnaissait-il par écrit ensuite, au lendemain de leur rencontre, le 9 octobre 2009 à Lyon.

Vendredi, c'est la défense de l'islamologue qui a versé au dossier d'autres messages, provenant cette fois d'un de ses téléphones et échangés avec Henda Ayari, la première femme à avoir porté plainte contre lui. Les révélations de ces messages "lui ont permis de reconnaître qu'il avait eu des relations sexuelles avec Henda Ayari et Paule-Emma Aline", a expliqué Me Marsigny.

Confronté à Paule-Emma Aline le 18 septembre, quelques jours avant la révélation des SMS en question, Tariq Ramadan n'avait concédé à nouveau qu'un "jeu de séduction" par téléphone et internet, réaffirmant n'avoir bu qu'un verre avec cette "mythomane" au bar de l'hôtel.

Il avait déposé dans la foulée une troisième demande de libération, rejetée depuis. Son conseil a annoncé lundi qu'une quatrième avait été déposée juste après l'audition.


"C'est le système Ramadan qui est mis au jour"

Mais chacune des parties interprète désormais ces messages à son avantage: témoignage d'une relation consentie pour la défense, preuve des mensonges et des manipulations de Tariq Ramadan pour les parties civiles.

"C'est le système Ramadan qui est mis au jour", avait réagi l'avocat de "Christelle", saluant un "tournant majeur". Pour Me Eric Morain, ces échanges démontrent "l'emprise" exercée sur plusieurs femmes et en particulier sur sa cliente, une convertie de fraîche date qui croyait se marier bientôt avec cette figure populaire de l'islam francophone.

L'horodatage des 144 SMS de "Christelle" n'ayant pas été retrouvé, l'enquête doit reconstituer le fil des conversations, où sont évoqués aussi menaces et contacts qu'elle avait noués à cette période avec des adversaires de l'islamologue.

Dans un de ces messages non datés, "Christelle" écrit "tu m'as manqué dès que j'ai passé la porte" et dans un autre "si je passais un mauvais moment je serais partie".

"La vraie question est de savoir s'il y a eu viol et ces messages de la partie civile disent clairement non", avait commenté Me Emmanuel Marsigny, avant de demander aux juges de réentendre son client.

Après avoir d'abord refusé de répondre aux enquêteurs sur sa sexualité, M. Ramadan avait reconnu en juin des relations extraconjugales consenties et des "rapports fougueux, de domination" avec d'anciennes maîtresses, dont au moins trois ont témoigné dans l'enquête.


Visé par une instruction pour viol

Il avait aussi admis des relations avec une troisième plaignante apparue en mars et pour laquelle il n'est pas mis en examen à ce jour. 

Quant à Henda Ayari, sa première accusatrice dont la plainte a déclenché l'affaire le 20 octobre 2017, Tariq Ramadan a réaffirmé devant les juges cet été n'avoir eu aucune relation physique avec elle.

Depuis le début du scandale, l'intellectuel et ses soutiens dénoncent par ailleurs constamment une "collusion" entre les plaignantes, ses ennemis politiques et, désormais, ses anciennes maîtresses.

En Suisse, il est également visé par une instruction pour viol, ouverte mi-septembre à Genève après une plainte d'une femme déposée en avril.

Il est actuellement détenu à l'hôpital pénitentiaire de Fresnes (Val-de-Marne), en raison de sa sclérose en plaques dont le traitement a été jugé compatible avec sa détention.

Dans le volet concernant Mme Ayari, la première femme qui avait lancé l'affaire le 20 octobre 2017 en déposant une plainte, celle-ci avait vu sa version affaiblie en juillet, se disant à présent incapable de dire où et quand le viol qu'elle dénonce avait eu lieu, après avoir donné deux dates au printemps 2012 invalidées par l'enquête.

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