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30ème anniversaire de la chute du Mur de Berlin: une commémoration "minimaliste" dans un contexte sombre

Cela fera 30 ans que le mur de Berlin est tombé. Un événement historique sans précédant commémoré aujourd'hui en Allemagne. La chancelière Angela Merkel a prononcé son discours ce matin dans un lieu hautement symbolique.

Le 9 novembre 2019 célèbre les 30 ans de la chute du mur de Berlin. Pour cet événement historique, des commémorations avaient lieu aujourd'hui toute la journée en Allemagne.

Des célébrations d'une grande sobriété

La chancelière Angela Merkel a prononcé son discours ce matin dans un lieu hautement symbolique: la rue Bernauerstrasse. Dans cette rue, au moment de la construction du mur en 1961, des habitants se sont jetés des fenêtres pour tenter de passer à l'ouest au péril de leur vie. La chancelière allemande a ainsi choisi ce lieu de mémoire pour des célébrations d'une grande sobriété. Elle était entourée des présidents slovaques, polonais, tchèques et hongrois. Aucun dirigeant occidentaux n'a fait le déplacement. Des jeunes issus des pays de l'est qui ont contribué à la chute du mur, ont pris successivement la parole. Les chefs d'états et les invités ont ensuite déposer une rose en guise de recueillement.

La cérémonie s'est ensuite poursuivie à l'intérieur de la chapelle de réconciliation érigée à quelques mètres du mémorial. Dans son discours Angela Merkel appelle l'Europe à défendre les valeurs de l’union Européenne. "A l'avenir il faut s'engager pour la démocratie, la liberté, les droits de l'Homme et la tolérance", a-t-elle déclaré. Ce soir une série de concert aura lieu devant la porte de Brandebourg.

L'Europe fait face à des "constructeurs de murs"

Les commémorations se déroulent dans un contexte sombre: celui où l'Europe doit faire face à la montée du nationalisme. On est loin de l'euphorie dans laquelle les Berlinois ont vécu la chute du mur le 9 novembre 1989 et loin de celle connue lors de la célébration il y a 10 ans. "Cela n'a rien à voir avec ce qu'on a connu il y a dix ans où les principaux chefs d'Etat du monde et notamment des quatre pays vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale étaient présents", nous informe notre envoyé spécial à Berlin, Christophe Giltay. Un mur factice avait de fait été détruit symboliquement lors des célébrations.

"Malheureusement, Donald Trump a remplacé Barack Obama et Boris Johnson a remplacé Gordon Brown. Nous avons affaire maintenant à des hommes qui sont plutôt des constructeurs de murs que des constructeurs de ponts", affirme notre envoyé spécial, Christophe Giltay.

Ainsi, les Allemands ont probablement décidé de faire une cérémonie beaucoup plus minimaliste qu'il y a dix ans. "On a juste invité quelques amis d'Europe de l'Est pour les remercier d'avoir participé à "la révolution pacifique"", nous explique Christophe Giltay. Cette chute du mur est en effet considéré comme une "révolution pacifique" car le mur est tombé sans qu'aucune goutte de sang n'ait été versée.

Certains Allemands sont "lostalgiques"

Cela reste un événement historique exceptionnel. Une grande fête aura lieu devant la porte de Brandebourg avec de nombreux musiciens allemands. Le président de la République allemande, Frank-Walter Steinmeier, prononcera également un discours.

Malgré cet élan d'optimisme, certains anciens Allemands de l'Est sont cependant "lostalgies", c'est-à-dire qu'ils sont nostalgiques de l'Est. "Notamment parce qu'ils bénéficiaient de grands avantages sociaux: les crèches étaient gratuites, la culture était gratuite, plus de 90 % des femmes travaillaient contre 60% à l'Ouest", nous apprend Christophe Giltay. 

Bien que l'économie est beaucoup plus florissante aujourd'hui qu'en 1989, les salaires en Allemagne de l'est sont encore 15% moins élevés qu'en Allemagne de l'Ouest. "Pour autant si certains "lostalgiques" regrettent les avantages sociaux de la République démocratique, personne ici ne regrette le mur", conclut Christophe Giltay.

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