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Les 39 personnes retrouvées mortes dans un camion frigorifique en Angleterre étaient chinoises

L'origine a été révélée ce jeudi en fin de matinée par des médias britanniques. Plusieurs perquisitions ont été menées par la police britannique cette nuit dans la région où vivait le chauffeur du camion. Le poids lourd est passé par le port de Zeebruges en Belgique. Comment autant d'individus dans un camion n'ont-ils pas été détectés lors des contrôles de douane? Y a-t-il eu des complices qui ont fermé les yeux?

Les 39 personnes retrouvées mortes dans un camion frigorifique en Angleterre étaient chinois, a-t-on appris jeudi en fin de matinée alors que l'opération d'identification des corps est en cours. Ce drame en rappelle un similaire de juin 2000, lorsque 58 clandestins chinois avaient été retrouvés morts asphyxiés dans un camion dans le port de Douvres (sud de l'Angleterre).

Ce jeudi, plusieurs médias britanniques annoncent que le semi-remorque qui a récupéré le container dans lequel ont été retrouvés 39 corps dans la nuit de mardi à mercredi est parti d'Irlande du Nord, écrivaient jeudi plusieurs médias britanniques.

Des employés de l'ambassade de Chine se rendent sur place pour "des vérifications"

La Chine a annoncé jeudi que des employés de son ambassade se dirigeaient près de Londres pour confirmer la nationalité, supposément chinoise, des 39 personnes retrouvées mortes. "Du personnel de l'ambassade de Chine au Royaume-Uni se rend sur les lieux pour procéder à des vérifications", a indiqué le ministère chinois des Affaires étrangères dans un message posté sur le réseau social Weibo.

La police du comté d'Essex a en effet indiqué qu'il "pourrait s'agir" de ressortissants chinois. Les victimes, dont l'identification est en cours, seraient 38 adultes et une jeune femme majeure, présentée auparavant comme étant une adolescente. Les forces de l'ordre ont confirmé que huit d'entre elles sont des femmes et 31 des hommes. Elles ne veulent par contre "pas spéculer" sur l'identité de l'homme arrêté dans le cadre de cette enquête pour meurtre. Ce dernier a été présenté par plusieurs médias britannique comme étant Mo Robinson, un habitant de la ville nord-irlandaise de Portadown, située dans le comté d'Armagh.

Où en est l'enquête ?

Cette nuit, la police britannique a perquisitionné deux propriétés en Irlande du Nord dans le comté où habite le chauffeur du camion, un certain Mo Robinson selon les médias britanniques. Âgé de 25 ans, ce dernier vit dans la ville nord-irlandaise de Portadown. Il a été arrêté hier après la découverte des corps par des services de secours, mercredi à 1h40 du matin, dans une zone industrielle à Grays dans l'Essex, à une trentaine de kilomètres de Londres.

L'itinéraire du poids lourd se précise. Selon la police britannique, la remorque du camion est arrivée vers 00H30 à Purfleet, port sur la Tamise, en provenance de Zeebruges (le passage par ce port est confirmé par le parquet fédéral belge, voir plus bas), en Belgique tandis que la cabine qui tirait le chargement était parti d'Irlande du Nord. Les autorités bulgares ont aussi confirmé l'immatriculation du véhicule en Bulgarie en 2017, mais assuré que le véhicule n'était pas rentré dans leur pays depuis. "Il n'y a pas de lien avec nous, seulement les plaques d'immatriculation", a déclaré le Premier ministre bulgare Boyko Borissov à la télévision locale.

Le semi-remorque aurait roulé d'Irlande du Nord jusqu'à Dublin, pour ensuite rejoindre samedi en ferry le port gallois de Holyhead, retraçaient jeudi le Daily Mirror et Sky News. Son itinéraire pour les journées de dimanche, lundi et mardi reste flou. Le véhicule a par la suite ralié Purfleet, en Angleterre, où il a récupéré la remorque en provenance de Zeebrugge. Les forces de l'ordre, aidées par l'Agence nationale contre le crime (NCA), s'efforçaient jeudi de retracer l'itinéraire complet du poids lourd. La NCA a alerté les autorités britanniques il y a trois ans sur le risque de trafic d'êtres humains dans le port de Purfleet, moins fréquenté et donc plus discret que celui de Douvres, selon le Daily Mail. Le chauffeur du poids lourd, arrêté dans le cadre d'une enquête pour meurtre, "n'était vraisemblablement pas au courant" d'un trafic d'êtres humains, selon le Daily Telegraph.

Le parquet fédéral a ouvert une enquête. "Les résultats provisoires de l’enquête révèlent que le conteneur en question est arrivé à Zeebruges le 22 octobre à 14h49 et a quitté le port le même jour dans le courant de l’après-midi pour arriver à Purfleet le 23 octobre à 1h00", indiquait le parquet fédéral ce jeudi matin dans un communiqué. Le parquet ajoute qu'on ne sait pas encore à quel moment les victimes se sont retrouvées dans le conteneur, et si cela s'est produit en Belgique, précisant qu'aucune information supplémentaire ne sera divulguée.

On ne sait pas s'il s'agit de migrants. Toutefois, le drame a relancé les appels à lutter contre le business des passeurs, le Premier ministre britannique Boris Johnson dénonçant "une tragédie inimaginable". Mercredi, la police de Kent a aussi annoncé avoir contrôlé neuf personnes, retrouvées en vie dans un camion sur la chaussée d'une autoroute au sud-est de Londres. Elles ont ensuite été transférées aux services d'immigration.

Selon Boris Johnson, le premier ministre britannique, il s'agit d'une "tragédie inimaginable".

La provenance et la destination du camion restent floues

Comment expliquer que les personnes enfermées dans le camion n'aient pas été retrouvées plus tôt, chez nous?cLe véhicule est en fait composé de deux parties : l'arrière réfrigéré de couleur blanche est enregistré en Bulgarie par une compagnie irlandaise; la cabine du camion rouge, elle, serait originaire d'Irlande du Nord. Ces deux morceaux n'auraient été assemblés qu'une fois arrivés en Angleterre hier soir. 


 

La cabine était déjà sur place. La partie réfrigérée, elle, est arrivée dans le port de Purfleet, à l'est de l'Angleterre, et elle venait de Zeebruges. La provenance du camion, de même que sa destination, demeurent un mystère. Toujours est-il qu'un appel anonyme a permis à la police de découvrir les 39 corps contenus dans la partie réfrigérée. La police scientifique a procédé à des prélèvements, puis a ensuite pu extraire les dépouilles du camion. 


"Les contrôles sont extrêmement rigoureux"

À ce stade de l'enquête, personne ne peut déterminer combien de temps le camion est resté en Belgique, ni son parcours précis. Pourtant, dans les ports, les contrôles sont rigoureux. Jean-Marc Puissessau, directeur du port de Calais, en France, se pose des questions sur les contrôles menés par ses collègues de Zeebruges.

Il n'est pas possible, selon lui, de ne pas détecter 39 personnes dans un camion si celui-ci est contrôlé. "À Calais, les contrôles sont extrêmement rigoureux : nous avons nos propres contrôles avec des chiens renifleurs avant que le camion n'embarque. Ensuite, le camion passe dans une installation d'inspection, soit au battement de coeur, soit millimétrique. Et ensuite, les contrôleurs britanniques effectuent un dernier check sur le parking avant que le camion n'embarque."

Le directeur du port de Calais en conclut que le camion, ou son conducteur, aurait bénéficié de la complicité d'un tiers. Selon lui, il est impossible de passer les contrôles avec autant de personnes à bord. 

Seule l'enquête en cours pourra déterminer les raisons pour lesquelles ce camion a pu quitter la Belgique avec ses passagers à bord. Pour l'instant, l'identité et la nationalité des victimes sont inconnues, de même que les causes exactes de leur décès. 

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