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Au café ou devant un distributeur de billet, un dimanche déprimant pour les Grecs

"Tout le monde est très triste, très énervé et déprimé". A la plage, au café ou devant les distributeurs de billets pour retirer leurs économies, les Grecs vivaient un dimanche sombre face à l'incertitude des prochains jours.

Dans le centre-ville d'Athènes, au moins une dizaine de distributeurs automatiques étaient à cours de billets et les usagers erraient dans les rues à la recherche d'un automate en marche. "J'ai essayé plusieurs machines, 5, 6, 8, 10...", a dit à l'AFP Voula, excédée. "Je suis inquiète, triste et en colère contre le gouvernement. Je les déteste!".

Devant un distributeur en marche, près d'une centaine de personnes patientaient. "Il y a une crainte que demain, les banques n'ouvrent pas", expliquait une jeune femme en jogging, prenant de quoi "payer le loyer et les dépenses du quotidien".

Sur la plage un peu bourgeoise de Glyfada, à une demi-heure d'Athènes, tous les transats étaient occupés à la mi-journée , malgré des nuages. A la terrasse du branché Balux café, Anna Apostolopoulos, 42 ans, robe rayée et chapeau de paille, sirote un café.

Malgré le décor, "tout le monde est très triste, très énervé et déprimé", assure-t-elle. Elle-même "a regardé la télé toute la journée samedi, et ne voulait pas aller à la plage", mais elle s'est résolue à y aller dimanche "parce qu'elle l'avait promis à son fils".

Il y a deux jours, Anna espérait encore "qu'il allait se passer quelque chose" pour empêcher une rupture entre la Grèce et le reste de l'Europe.

Mais depuis que le Premier ministre de la gauche radicale Alexis Tsipras a annoncé un référendum pour dimanche prochain sur le projet d'accord avec les créanciers de la Grèce et que ces derniers ont dit qu'ils ne prolongeraient pas le programme d'aide qu'ils lui apportent, c'est l'angoisse.

"Maintenant, le miracle pour moi serait que les gens votent +oui+", soupire-t-elle.

A quelques pas de là, Joanna Avayanos, en bikini, promène sa petite fille dans une poussette. Cette chimiste constate que "ça semble aller très mal".

- 'Pris au piège '-

"Les gens continuent à sortir pour manger ou aller à la plage. Nous continuons à vivre mais il n'y a plus de luxe, plus de nouvelles paires de chaussures ou de sacs à main".

Avec sa mère, Joanna a tenté de retirer de l'argent samedi: "nous sommes allés à deux distributeurs et il était marqué qu'il y avait un problème. Au supermarché, on n'a pas pu utiliser notre carte de crédit. Je ne sais pas ce qu'il se passe".

Certains n'ont pas tenté de récupérer leurs économies, ils n'en n'ont tout simplement pas, rétorquent-ils.

Andreas Nikolopoulos, 40 ans, explique lui que tout son argent est à la maison. Cet expert en sécurité ne craint pas les cambriolages, en revanche il a peur pour la Grèce et anticipe un avenir "sombre". "Moi j'ai de la famille en Australie, au Canada, j'ai une proposition d'emploi à Munich... Mais mes voisins, les amis, la famille, sont pris au piège", estime ce croyant devant l'église du quartier populaire de Pangrati.

A quelques mètres de lui, une jeune fidèle de 17 ans, souriante, Marina Stoianovitch, veut garder l'espoir, même en cas de Grexit (sortie de la Grèce de l’Europe): "Nous allons être un pays différent, nous allons contrôler notre économie (...) on trouvera un moyen d'y arriver".

Qu'ils votent ou non dimanche au référendum, beaucoup pensent que "de toute façon, les deux réponses sont mauvaises, quitter l'euro ou continuer comme ça (l'austérité)", résume Antonios Kouzis, 72 ans, dont la retraite est passée de 1.400 à 1.000 euros mensuels.

"On a peur...mais on espère le meilleur", "on a eu trop de mauvaises années", confie Fotini, une vieille dame de 76 ans qui attend une amie sur un banc de la place Syntagma. "Les gens veulent de bonnes vies, du travail... Il y a trop d'hommes et de femmes sans emploi. Ce n'est pas juste".

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