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Une conférence contre l'antisémitisme appelle à s'attaquer à la haine en ligne

Les appels à combattre la haine en ligne se sont multipliés mercredi au cours d'une conférence internationale contre l'antisémitisme à Malmö en Suède, les géants du Net affichant leurs bonnes intentions face au torrent d'insultes et de menaces antijuives sur les réseaux sociaux.

"Nous devons faire plus", principalement sur Internet, a conclu le Premier ministre suédois Stefan Löfven, qui a fait de la lutte contre la haine des Juifs son dernier combat sur la scène internationale. "Nous avons besoin d'un nouvel environnement sur les réseaux sociaux".

Organisée sous son impulsion, la conférence a réuni les représentants d'une quarantaine de pays et des Nations unies et le président du Conseil européen Charles Michel, avec plusieurs interventions vidéo de grands dirigeants mondiaux.

"Nous voulons arrêter les discours de haine en ligne et assurer à tous nos citoyens un environnement numérique sûr", a dit le président français Emmanuel Macron dans une allocution enregistrée.

Sous haute protection policière, la réunion était symboliquement organisée à Malmö, la troisième plus grande ville de Suède, où vit une forte population immigrée du Moyen-Orient et qui tente de contrer une inquiétante vague d'antisémitisme ayant émergé au début des années 2000.

C'est vers Malmö que les Juifs danois avaient fui les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, profitant de la neutralité suédoise, et c'est là qu'avaient afflué dans des cars blancs des survivants de la Shoah à la libération.

"Se souvenir de l'Holocauste, combattre l'antisémitisme ne sont pas des activités passives. Elles requièrent des engagements", a lancé dans une vidéo le chef de la diplomatie américaine Anthony Blinken.

Pour le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, "nous ne pouvons pas simplement nous souvenir, nous devons parler fort et nous dresser pour l'humanité".

La semaine dernière, l'Union européenne a présenté sa première stratégie de lutte contre l'antisémitisme face à une "hausse inquiétante" de ce phénomène, avec notamment un important volet contre la haine en ligne.

"Se souvenir ne suffit pas. Alors que les derniers survivants de la Shoah nous quittent, l'antisémitisme perdure. Il est de nouveau en hausse. C'est pourquoi nous devons faire plus que nous souvenir. Nous devons agir", a lâché M. Michel.

- "Gazez-la" -

Selon l'Agence des droits fondamentaux de l'UE, neuf Juifs sur 10 estiment que l'antisémitisme s'est accru dans leur pays et 38% ont envisagé d'émigrer parce qu'ils ne se sentent plus en sécurité dans l'Union.

"Ce que (les jeunes) ont appris, ils l'ont appris d'internet, des réseaux sociaux. Ce qu'ils voient aujourd'hui dans les réseaux sociaux, c'est de la haine", a déploré à la tribune le président du Congrès juif mondial, Ronald Lauder.

Selon une analyse publiée mercredi par l'association britannique Hope not hate, des plateformes comme Instagram et TikTok sont utilisées pour répandre des contenus antisémites auprès de jeunes utilisateurs.

Johanna Gosenius, une Suédoise juive de 18 ans, a raconté à l'AFP en avoir été victime. "Il y a eu un compte Instagram où les jeunes de ma ville ont mis beaucoup de choses antisémites, mais aussi des choses dirigées contre moi sur un site qui s'appelle Ask où l'on peut faire des publications anonymes", a-t-elle expliqué.

Comme le géant américain Google, qui a annoncé une enveloppe de cinq millions d'euros, les acteurs du Net ont affiché leurs efforts.

"Nous lançons constamment de nouvelles technologies pour essayer de faire face à cette menace croissante", a assuré à l'AFP le responsable de YouTube pour l'Europe, Pedro Pina. "Avec le temps, les malfrats deviennent plus habiles à utiliser la plateforme et à abuser de nos politiques (...) et trouvent de nouvelles façons de s'infiltrer".

Pour le seul deuxième trimestre 2021, cette plateforme a ainsi retiré 6,2 millions de vidéos offensantes.

En Suède comme dans d'autres pays d'Europe, les actes antisémites sont en hausse. Les plaintes ont augmenté de plus de 50% entre 2016 et 2018, passant de 182 à 278, selon les statistiques officielles.

A Malmö, si des signes d'amélioration sont visibles, des habitants juifs ont indiqué avoir été victimes de propos antisémites.

"Des gens ont fait le salut nazi quand ils ont vu mon étoile de David (...) Une fois, une fille m'a lancé +elle est juive, gazez-là+", a témoigné Mira Kelber, responsable des jeunes de la communauté juive de la ville.

Stefan Löfven, qui va quitter ses fonctions le mois prochain, a promis de mieux protéger les quelque 15.000 à 20.000 Juifs de Suède, avec notamment des moyens renforcés.

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