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A Salisbury, les habitants inquiets de nouvelles possibles contaminations

L'hospitalisation d'un couple empoisonné au Novitchok a soulevé une vague d'inquiétude parmi les habitants de Salisbury, soucieux pour leur santé mais aussi l'activité économique de cette petite ville du sud-ouest de l'Angleterre qui se remet à peine de l'affaire Skripal.

"Personnellement, je suis un peu anxieuse", confie Sally, une musicienne de 57 ans qui préfère ne pas donner son nom de famille. Elle habite à quelques centaines de mètres du bâtiment où logeait Dawn Sturgess, l'une des personnes touchées.

"On se demande où et quand cela pourrait encore arriver. A l'évidence, toute cette affaire n'a pas encore été tirée au clair", regrette-elle, alors que les allées et venues de policiers se multiplient dans le quartier.

Anne Zhang, une mère de famille 37 ans, s'inquiète, elle, de laisser ses deux enfants circuler en ville.

"La plus petite est allée au Jardin de la Reine Elizabeth hier, pour une sortie scolaire, ils y ont passé la journée. Le parc est maintenant fermé, donc je m'inquiète oui, j'ai peur qu'elle ait touché quelque chose", dit-elle à l'AFP.

"Maintenant, mes enfants ne vont plus de ce côté-là de la ville, ils vont à l'école, ils rentrent à la maison et c'est tout", ajoute-t-elle.

- 'Ville fantôme' -

Au-delà du risque sanitaire, de nombreux habitants se montrent préoccupés par l'atteinte à l'image de Salisbury et à l'activité de ses commerçants, déjà durement éprouvés après l'empoisonnement au même agent innervant subi en mars par l'ex-espion russe Sergueï Skripal et sa fille.

"Au cours des cinquante prochaines années, on se souviendra de Salisbury comme de la ville où plusieurs personnes ont été frappées par le Novitchok, et pas parce qu'elle a une magnifique cathédrale, ou parce que c'est une belle ville, et c'est vraiment triste", regrette Tom Eastman, 43 ans, qui travaille dans le centre-ville.

De nombreux commerçants se montrent préoccupés des conséquences que ces nouvelles contaminations pourraient avoir sur l'attractivité de la ville pour les touristes.

"Il y a une inquiétude générale. Si nous observons les mêmes effets qu'en mars, certaines enseignes indépendantes pourraient ne pas réussir à se maintenir", juge Lily Show, l'une des responsables du magasin d'équipements sportifs Cotswold, situé sur la place principale.

"La première fois que c'est arrivé, nous avons observé une baisse du nombre de clients, de l'ordre de 38%. C'était devenu une ville fantôme, et ça a pris du temps avant que les gens reviennent", affirme-t-elle. "Ca s'est amélioré depuis, mais nous sommes toujours en dessous des chiffres de l'an dernier".

- 'Peur de l'inconnu' -

Gestionnaire d'une petite boutique de décorations, Framemakers, Katie Bacon aimerait "que les autorités donnent un peu plus d'informations", pour ne pas laisser l'inquiétude s'installer. "Il y a une peur de l'inconnu, nous n'avons pas de réponses, personne ne sait véritablement ce qu'il se passe", déplore-t-elle.

Les touristes, eux, étaient encore très nombreux à se rendre à la cathédrale de la Vierge Marie, un imposant édifice gothique datant du XIIIe siècle, renommé pour son cloître et sa flèche, et qui héberge l'une des copies originales de la Magna Carta, texte fondateur du droit constitutionnel moderne.

"Bien sûr, en venant ici, on ne pensait pas que toute cette histoire d'empoisonnement pouvait se répéter", dit Andy Lyall, 54 ans, venu d'Aberdeen en Écosse.

"Mais je ne suis pas vraiment inquiet. C'est un peu bizarre de voir les cordons de police mais il y a beaucoup de choses à voir, c'est un bel endroit, ça vaut le voyage", tente-t-il de positiver. "A condition que ça n'arrive pas encore une fois".

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