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Des néonazis devant un tribunal pour des projets d'attentats en Allemagne

Le procès contre des néonazis de Chemnitz accusés d'avoir planifié des attentats s'est ouvert lundi sur fonds d'inquiétude dans le pays face à des milieux d'extrême droite de plus en plus enclins à recourir à la violence.

Huit hommes, âgés de 21 à 32 ans, doivent répondre devant le tribunal de Dresde, ville de l'ex-RDA, de l'accusation "de formation d'un groupe terroriste d'extrême droite", selon le parquet fédéral de Karlsruhe, en charge des affaires de terrorisme.

"Ils voulaient perpétrer des attentats armés et meurtriers contre des étrangers et des personnes de convictions politiques différentes", a accusé Michael Glaser, le représentant du parquet, lors la première audience. L'accusation prévoit d’appeler pas moins de 75 témoins à la barre.

Le procès, qui doit durer jusqu'à avril 2020, se tient dans la salle sécurisée du palais de justice de cette ville de Saxe, un Land considéré comme un bastion de l'extrême droite, où l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) s'est propulsée lors d'élections début septembre deuxième parti avec plus 27% des suffrages, à quelques encablures des conservateurs d'Angela Merkel.

La défense a de son côté dénoncé un "procès politique" et déploré "la pression particulière" représentée à ses yeux par un très fort intérêt médiatique. Sa requête de tenir le procès à huis clos a été rejetée par la Cour.

Les suspects appartiennent depuis de nombreuses années à la scène des hooligans, néo-nazis et skinheads de Chemnitz, également en Saxe, théâtre fin août 2018 de dérapages anti-migrants dont des "chasses aux étrangers" dans les rues, après le meurtre présumé d'un Allemand par l'un d'entre eux.

- Messagerie -

Ils ont lancé leur projet à cette période, début septembre 2018, via la création d'un groupe de messagerie "Révolution Chemnitz". Dans l'un des messages, leur leader présumé Christian Keilberg, 32 ans, appelle à la "guerre civile" contre les "parasites de gauche, les zombies de Merkel, la dictature des médias et de leurs esclaves".

"Les suspects poursuivaient des objectifs révolutionnaires visant à miner l'Etat de droit démocratique", estime le parquet, sur la foi des nombreux documents, téléphones portables, et données saisis. Ils auraient à ces fins entrepris des démarches pour se procurer des armes semi-automatiques.

Ils voulaient frapper à Berlin le 3 octobre, jour férié qui célèbre la Réunification allemande.

Tout est resté à l'état de projet: la plupart des hommes ont été arrêtés le 1er octobre 2018, tandis que leur leader avait été incarcéré deux semaines plus tôt après avoir attaqué des étrangers à Chemnitz.

Le "Groupe Freital", un autre groupuscule néo-nazi de Saxe, était lui passé à l'acte en 2015 au plus fort de la crise migratoire, quand des centaines de milliers de réfugiés avaient afflué en Allemagne.

Ses huit membres ont été condamnés à des peines allant de 4 à 10 ans de prison ferme pour cinq attentats à l'explosif contre des foyers de réfugiés, qui a fait un blessé, et contre des militants de gauche.

- "Alarmant" -

Ce nouveau procès intervient alors que le pays a été secoué en juin par le meurtre présumé d'un élu local pro-migrants par un néo-nazi, qui a fait craindre l'émergence d'un terrorisme "brun".

Le drame, survenu à Cassel (ouest), a mis au jour les pressions exercées par ces franges radicales sur les élus locaux, et l'établissement de nombreuses listes noires, une pratique déjà employée pour cibler ses victimes par le groupe néonazi allemand NSU, responsable du meurtre d'une dizaine d'immigrés en Allemagne au début des années 2000.

Autre aspect préoccupant: l'extrême droite radicale se procure de plus en plus d'armes de toutes sortes (armes de poing, fusils, équipements servant à la fabrication d'explosifs, couteaux, etc.) signe d'une propension accrue à recourir à la violence, a révélé le ministère de l'Intérieur samedi.

Les policiers ont ainsi saisi 1.091 armes au total en 2018, contre 676 l'année précédente, dans le cadre d'enquêtes portant sur 563 délits attribués à des extrémistes de droite, soit autant qu'en 2017.

Des chiffres "alarmants", a réagi dimanche le ministre de l'Intérieur Horst Seehofer se déclarant "fermement décidé" à donner aux autorités les moyens de lutter contre la menace.

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