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Un "conducteur fou" fonce dans une zone piétonne à Trèves, en Allemagne: 5 morts dont un bébé de 9 semaines, le suspect arrêté

Se recueillir face à l'impensable : les habitants de Trèves, abasourdis par la course meurtrière d'un chauffard qui a tué cinq personnes en pleine ville, ressassent mardi soir des scènes d'horreur et l'acte fou d'un natif de la cité.

Dans la zone piétonne où se tient habituellement le marché de Noël, les décorations scintillent encore, la plupart des vitrines sont éclairées, mais les pavés de l'antique cité, la plus vieille d'Allemagne, sont encore jonchés de débris et d'éclats de verre ce mercredi matin. Une couverture de survie est restée sur le sol d'une rue commerçante dont les accès sont bloqués par la police : mardi, à la mi-journée, un homme de 51 ans au volant d'un puissant véhicule a semé la mort sur cette artère très fréquentée.

Ivre au volant, il a précipité son SUV sur les passants déambulant le long des magasins : cinq personnes, dont un bébé de 9 semaines, ont péri et une quinzaine d'autres sont blessées, certaines grièvement.

Michael, un commerçant du centre, fume une cigarette devant sa boutique. Mardi après-midi, il a seulement entendu un fort "boum inhabituel", lui faisant d'abord penser à un choc entre un vélo et une voiture. La course folle a duré quatre longues minutes, selon la police. "Très vite sont arrivés de plus en plus de véhicules de police", puis les ambulances. Le commerçant a peine à croire aux événements : "on entend tant de choses mais on pense que c'est loin. Ça ne peut pas se produire dans une petite ville comme Trèves, c'est surréaliste".


 

Lieu de naissance de Karl Marx (1818-1883), situé non loin de la frontière avec le Luxembourg, Trèves fait rarement la une des journaux. A 20h00, les cloches de la cathédrale ont brisé le silence de la ville de quelque 112.000 habitants. Environ 150 personnes se sont réunies dans l'immense lieu de culte pour prier et allumer des bougies au cours d'une cérémonie. Joachim est venu avec ses deux filles, Helena 17 ans et Sophia 15 ans. Tous les trois se sentent "tristes".

"Nous voulions montrer notre compassion à ceux qui ont perdu la vie et à ceux qui ont perdu un proche", explique le père de famille. Au pied de la Porta Nigra, monument d'époque romaine emblématique de la ville, des bougies, des roses blanches sont déposées en hommage aux victimes. C'est par là qu'est passé le chauffard. Le maire de la ville Wolfram Leibe a déjà annoncé vouloir y établir "un mémorial" en souvenir de cette journée. L'édile a évoqué face à la presse une "scène d'horreur", "le jour le plus noir" pour la ville des bords de la Moselle "depuis la Seconde Guerre mondiale". "Je veux savoir pourquoi quelqu'un a fait ça", a-t-il martelé mais "je ne sais pas si j'aurai la réponse".

Les premiers éléments de l'enquête ne montrent pas de motif politique, terroriste ou religieux.

Le chauffard, un Allemand né à Trèves en 1969, présente des signes de troubles psychiatriques. Il avait quitté son appartement depuis plusieurs jours, dormant dans sa voiture, selon les policiers. Le parquet envisage de requérir son placement, à l'issue de sa garde à vue, dans un centre psychiatrique.


 

Contexte tendu

Plusieurs attaques à la voiture-bélier ont été menées ces dernières années en Allemagne par des forcenés souffrant de troubles psychologiques.

La plus grave avait été perpétrée en avril 2018 à Münster. Un homme avait foncé avec un camping-car sur un groupe de personnes réunies devant un restaurant, tuant cinq d'entre elles, avant de se suicider par balle.

Les faits interviennent aussi dans un contexte tendu dans le pays suite à divers attentats islamistes, le dernier au couteau début octobre qui a fait un mort et un blessé grave à Dresde, en ex-RDA.

En décembre 2016, un attentat au camion-bélier revendiqué par le groupe Etat islamique avait fait 12 morts sur un marché de Noël à Berlin. L'Allemagne a également été meurtrie ces dernières années par des actes terroristes d'extrême droite.

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