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Après sept heures de queue, une prière devant le cercueil d'Elizabeth II

"Nous avons fait sept heures de queue, mais elle, elle a régné 70 ans!". Sherri Ritchie sort du Westminster Hall avec un bon mal au dos et aux pieds mais surtout heureuse d'avoir pu s'incliner devant le cercueil d'Elizabeth II.

Ils sortent dans le silence le regard baissé, comme s'ils étaient encore en train de se recueillir. Ils retrouvent leurs proches ou le groupe avec qui ils ont passé une partie de la nuit à faire la queue le long de la Tamise.

"C'était très beau. Très émouvant. Très silencieux. Il y a le poids de l'Histoire là", confie Sarah Mellor, encore émue. Devant le cercueil, elle a "juste dit merci" à cette souveraine tellement aimée dans son pays, décédée il y a une semaine, après plus de 70 ans de règne.

Steven Bostock, un militaire à la retraite, est lui venu avec ses médailles. Vêtu d'un costume noir de deuil, il a fait un salut militaire devant le cercueil. "C'était important pour moi de voir le cercueil. Il est montré à la télévision, mais ce n'est pas pareil". "Ce silence à l'intérieur... C'est très puissant".

"C'était extraordinaire", dit Rupa Jones, tout en réconfortant sa tante, Unita Jogia. Elles sont elles aussi habillées en noir. "Nous avons pu nous arrêter quelques secondes devant le cercueil. Personne ne nous presse à l'intérieur. C'est paisible". Certains s'agenouillent, d'autres s'inclinent, raconte-t-elle.

Des Hongkongais, établis au Royaume-Uni depuis un an, sont aussi venus voir Elizabeth II, "notre reine". "Elle représente la meilleure période de Hong Kong. Maintenant, tout tourne mal là bas", dit Albert Chan au sujet de l'ex-colonie britannique. C'est un groupe joyeux de douze personnes, toutes hongkongaises, "notre famille au Royaume-Uni!

- Du thé et des blagues -

Car cette journée et cette nuit d'attente ne resteront pas seulement comme un moment triste: l'ambiance a été très bonne tout au long de la nuit.

"Nous nous sommes faits des amis dans la queue", s'exclame Unita Jogia. "C'était très bien organisé. Les gens parlaient entre eux, rigolaient". Cette Londonienne, "souvent pressée", a savouré la sérénité le long du fleuve, la lumière au lever du jour.

Sarah Mellor et Sherri Ritchie se sont rencontrées vers une heure du matin, et ont formé pendant les sept d'attente un groupe avec cinq autres personnes. "Nous avons partagé du thé, des blagues", raconte la première. "Nous avons aussi parlé de nos maux de dos, de pieds!", plaisante la seconde.

"C'était fantastique. Si on me disait de le refaire, je le referai", ajoute Sherry Ritchie, venue avec son fils et le compagnon de ce dernier.

Jeudi matin, la file s'allongeait encore sur plusieurs kilomètres, mais avançait assez rapidement. Des gens souriants, souvent un café à la main. "Good morning! How are you today?" ("Bonjour! Comment allez-vous aujourd'hui?"), s'exclamaient des policiers joyeusement. "Good morning", répondaient les gens en choeur.

Sherri Ritchie a quelques conseils pour celles et ceux qui voudraient à leur tour entrer dans la queue. "Apportez de la nourriture et des chaussures confortables! Et profitez de ce moment magnifique". Son programme pour le reste de la journée? Rentrer chez elle dans le Surrey (sud de Londres) et savourer un bon thé chaud dans son canapé.

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