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Aquarius: que l'Europe "mette en pratique les valeurs qu'elle promeut", dit la Croix-Rouge

Elhadj As Sy, secrétaire général de la Fédération Internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a appelé dimanche l'Europe à "mettre en pratique les valeurs qu'elle promeut", dans un entretien accordé à l'AFP après l'arrivée de l'Aquarius.

Q: Pensez-vous que l'Aquarius puisse changer la donne ?

R: "Il faut voir, si les gens soutiennent les efforts qui sont faits et que nous ne voyons pas cette opération comme exceptionnelle, alors oui cela pourrait changer la donne. Dans le cas contraire, cela ne sera pas le cas".

Q. Que signifie pour vous l'arrivée dimanche de ces migrants en Espagne ?

R: "J'aimerais d'abord remercier MSF et SOS Méditerranée sans qui (...) personne ne serait arrivé vivant ici. Nous voudrions aussi remercier l'Espagne pour avoir ouvert ses bras au moment où beaucoup rejetaient (les migrants) et ne faisaient pas part de leur solidarité. Mais au moment où nous parlons, des milliers (d'autres migrants) arrivent en Andalousie et dans d'autres ports. Ce n'est donc pas une opération extraordinaire, c'en est une parmi tant d'autres."

Q: La crise migratoire est un gros problème dans l'Union Européenne actuellement.

R: "Les migrations sont un problème mondial. Ce n'est pas spécifique à l'Europe, un tiers de la population libanaise est composée de réfugiés, il y en a un million en Jordanie, trois en Turquie, un million provenant du Sud-Soudan en Ouganda. Il y a aujourd'hui 66 millions de personnes qui cherchent refuge et une partie va bien sûr en Europe comme elles vont ailleurs car elles cherchent un soutien, de la solidarité. Ce sont des valeurs que l'Europe promeut. Nous attendons aussi de l'Europe qu'elle mette ces valeurs en pratique comme nous le voyons aujourd'hui. Et nous appelons tous les autres pays à suivre en aidant ceux qui sont dans le besoin au nom d'un principe fondamental qui est l'humanité et que nous partageons tous."

Q: Voyez-vous une solution à ce problème ?

R: "Ce n'est pas un problème à résoudre mais une situation qui doit être gérée des pays d'origine qui ne sont pas en paix (...) aux points de transit afin que les gens ne tombent pas dans la main de trafiquants jusqu'aux pays de destination où ils doivent être accueillis et soutenus selon les termes des règles internationales sur les réfugiés mais aussi selon le principe d'humanité".

Q: Pensez-vous que la situation de l'Aquarius ait été surmédiatisée par rapport à d'autres ?

Q: "Il ne s'agit pas de comparer pour savoir quelle situation est la pire ou la meilleure. Nous sommes heureux que cela ait été couvert (médiatiquement) car c'est le symbole de tant d'autres (situations). Je pense que via cette opération, l'attention doit être portée sur une situation à laquelle il faut répondre de façon humaine".

Q: Pensez-vous que le mouvement de solidarité aperçu à Valence puisse être le début d'un mouvement ?

R: "Que cela soit à Valence ou ailleurs, nous avons vu des gens venir spontanément pour aider. (...) Et je pense que quand les gens voient de plus en plus le bénéfice à aider l'autre, cela peut atténuer les peurs, les incompréhensions et les mauvaises interprétations politiques."

Q: Que pensez-vous de la proposition de la France d'accueillir des migrants de l'Aquarius ?

R: "Cela est bien sûr bienvenu. J'espère qu'ils pourront continuer et faire plus et que d'autres pays suivront aussi".

Propos recueillis par Diego URDANETA

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