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Arménie: dépouillement des bulletins après des législatives imprévisibles

(Belga) Les Arméniens comptaient dimanche soir les votes à l'issue de législatives anticipées dangereuses pour le Premier ministre, Nikol Pachinian, et marquées par une campagne bouillonnante qui pourrait être suivie de manifestations après la publication des résultats.

Les premières estimations donnaient le parti de M. Pachinian en tête avec 58% des suffrages contre 22% pour son principal rival, Robert Kotcharian, après le dépouillement de seulement 4% des bulletins. L'ex-journaliste Pachinian, 46 ans, porté au pouvoir en 2018 par une révolution pacifique contre les vieilles élites corrompues, affronte l'ancien-président Kotcharian, 66 ans, qui accuse son rival d'incompétence et se pose en dirigeant expérimenté. Ce dernier a été accueilli par des applaudissements à son arrivée au bureau de vote dans la capitale. "J'ai voté au nom d'une paix digne et de la croissance économique", a-t-il déclaré. M. Pachinian pourrait perdre son poste, sa popularité s'étant effondrée après la déroute d'Erevan durant la guerre contre l'Azerbaïdjan, voisin et ennemi juré, à l'automne 2020.  Après six semaines de combats ayant fait plus de 6.500 morts, l'Arménie a dû céder d'importants territoires qu'elle contrôlait depuis une première guerre avec Bakou dans les années 1990. Les deux pays se disputent le Nagorny Karabakh, une région séparatiste azerbaïdjanaise majoritairement peuplée d'Arméniens. Perçue comme une humiliation, cette défaite a déclenché une crise en Arménie, forçant Nikol Pachinian à convoquer des législatives dans l'espoir de renforcer sa légitimité.  Nombre de ses anciens partisans l'accusent d'être un "traître" pour avoir accepté un cessez-le-feu et se tournent désormais vers ses adversaires.  Après avoir obtenu plus de 70% de suffrages aux législatives de 2018, la formation de M. Pachinian n'est désormais créditée que de 25% des intentions de vote par le seul sondage disponible, derrière le bloc "Arménie" de M. Kotcharian avec près de 29%. Trois autres partis ont des chances d'entrer au Parlement.  M. Pachinian a exhorté cette semaine ses compatriotes à lui donner un "mandat d'acier" et a mis en garde contre "une guerre civile". "Nous sommes une équipe qui, contrairement à l'administration actuelle, a de l'expérience, des connaissances, de la force et de la volonté", a de son côté lancé M. Kotcharian vendredi devant ses partisans à Erevan. Président de 1998 à 2008 de cette ex-république soviétique pauvre et montagneuse, M. Kotcharian a été accusé par le passé de fraudes électorales et il est visé par une enquête sur des accusations de corruption.  "Pachinian pourrait obtenir davantage de sièges" grâce au soutien des régions rurales et des indécis qui voteraient pour lui "non pour le soutenir mais à cause de leur peur et leur haine de Kotcharian", a estimé auprès de l'AFP l'analyste arméno-américain Richard Giragosyan.   La campagne électorale a montré une profonde division entre les deux camps et des experts s'attendent à des protestations, voire des violences après le scrutin. Deux formations, dont celle de M. Kotcharian, ont dénoncé des violations. "Globalement, les élections se sont déroulées conformément à la loi", a pour sa part déclaré la Commission électorale centrale. La participation a atteint 49,4%, contre 48,6% en 2018.  Des observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) chargés de surveiller la transparence du scrutin, présenteront leurs conclusions préliminaires lundi à 11H00 GMT (13H00 HB).  Environ 2,6 millions d'électeurs arméniens étaient appelés aux urnes pour élire au moins 101 députés pour cinq ans. (Belga)

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