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Asile et migration - Les demandeurs d'asile vulnérables abandonnés par la Grèce, dénonce Oxfam

(Belga) La Grèce ne protège pas les demandeurs d'asile les plus vulnérables, dénonçait mercredi l'ONG Oxfam dans un rapport. Femmes enceintes, mineurs non accompagnés (Mena), victimes de tortures ou de violences sexuelles... sont abandonnés par un système qui souffre d'un manque criant de personnel qualifié. L'organisation pointe du doigt la responsabilité du gouvernement grec mais aussi celle des États membres de l'Union européenne, qui ne soutiennent pas assez le pays méditerranéen.

Les migrants qui arrivent en Grèce ont souvent subi des expériences traumatisantes, souligne Oxfam. La plupart fuient la guerre, ont survécu à une traversée dangereuse depuis la Turquie, ont dû payer des trafiquants d'êtres humains pour arriver en Europe... Tous pourraient dès lors être considérés comme vulnérables au sens large, pointe l'ONG. La loi grecque donne toutefois une définition plus restrictive de la vulnérabilité, en visant spécifiquement les personnes qui ont besoin d'une protection et d'une attention supplémentaire, telles que les femmes enceintes ou les enfants non accompagnés. Être reconnu vulnérable accorde des avantages: on ne peut être détenu, on bénéficie d'un logement adapté et du suivi médical nécessaire. Les personnes vulnérables doivent suivre la procédure normale de demande d'asile en Grèce et non celle raccourcie, qui renvoie la plupart des demandeurs en Turquie selon l'accord conclu entre ce pays et l'UE. À son arrivée en Grèce, chaque migrant doit normalement se soumettre à une évaluation de vulnérabilité, effectuée par un médecin et assisté si besoin par un psychologue. Or, sur le terrain, dans le camp Moria de Lesbos, Oxfam a constaté que cette évaluation n'était pas efficace à cause d'un roulement constant au sein des équipes et d'un manque de personnel qualifié. À titre d'exemple, Lesbos n'a disposé pendant de nombreux mois que d'un médecin désigné pour ces évaluations et pendant plus d'un mois, elle n'en avait même aucun. Résultat: des femmes enceintes ou avec des nouveaux-nés dorment dans des tentes, des enfants sont considérés comme des adultes et détenus, des victimes de tortures ou de violences sexuelles sont placées dans des zones non sécurisées du camp. Ce dernier souffre d'ailleurs d'une surcharge, accueillant deux à trois fois plus de migrants que sa capacité maximale. Pour couronner le tout, l'hiver s'installe et le camp n'est pas équipé pour faire face aux températures froides, les fortes pluies et la neige. Si le gouvernement grec est directement responsable du mauvais accueil de ces migrants, Oxfam pointe aussi du doigt la responsabilité de l'UE. L'ONG appelle ainsi les États membres à soutenir la Grèce en déployant du personnel médical et psycho-social supplémentaire, ainsi que des experts qui identifieront les personnes vulnérables. (Belga)

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