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Attaque de Finsbury park: l'accusé "obsédé" par les musulmans

Alcoolique, dépressif et "obsédé" par les musulmans: c'est ainsi que le procureur a décrit le Gallois Darren Osborne, jugé depuis lundi pour avoir lancé son van en juin 2017 à Londres sur des fidèles devant une mosquée, tuant un homme et en blessant onze.

Osborne, 48 ans, père de quatre enfants, avait foncé devant la mosquée de Finsbury Park un soir de ramadan.

Cette attaque était survenue dans un climat d'extrême fébrilité au Royaume-Uni, après trois attentats en trois mois, à Londres et Manchester, ayant fait 35 morts et revendiqués par le groupe jihadiste État islamique (EI).

Chemise bleu marine et cheveux bruns grisonnants, Darren Osborne, poursuivi pour meurtre et tentative de meurtre, est apparu impassible au premier jour de son procès devant le tribunal de Woolwich, dans le sud-ouest de Londres, prévu pour durer deux semaines.

Bien que le caractère terroriste de cet acte n'a pas été retenu, le procureur, Jonathan Rees, a déclaré qu'une note manuscrite retrouvée dans le véhicule ainsi que les commentaires d'Osborne après son arrestation "établissent que cet acte d'une extrême violence était bien un acte terroriste, destiné à influencer le gouvernement et intimider la communauté musulmane".

Sa compagne, avec laquelle il vivait à Cardiff, au Pays de Galles, l'a décrit comme "dépressif", "alcoolique" et "imprévisible", selon son témoignage cité par le procureur, Jonathan Rees.

Darren Osborne, sans emploi et sans ami proche, "était devenu obsédé par les musulmans dans les semaines précédent l'incident", selon sa compagne, avec laquelle il était en froid.

"Le catalyseur de son obsession semble avoir été la diffusion de la série de la BBC +Three girls+ qu'ils ont regardé ensemble", a expliqué le procureur.

Cette fiction basée sur des faits réels raconte l'histoire de jeunes femmes victimes de viols et d'agressions sexuelles commises par un groupe de musulmans britanniques d'origine pakistanaise, dans la banlieue de Manchester.

- 'Endoctriné' -

Selon sa compagne, Darren Osborne était devenu "obsédé" par le sujet, passant son temps sur internet, au point qu'il lui semblait "endoctriné", impossible à raisonner. Elle l'a décrit comme une "bombe à retardement".

Le procureur a également lu une note manuscrite retrouvée à l'intérieur de la camionnette, qui porte les empreintes de Darren Osborne. L'auteur s'y plaint que "les terroristes sont dans nos rues et marchent à travers Londres malgré trois récents attentats". Il déplore le manque, selon lui, de réaction publique et politique.

Deux jours avant l'attaque, le 17 juin, plusieurs témoins avaient entendu Darren Osborne proférer des propos haineux dans un pub. Celui-ci avait déclaré qu'il allait "tuer tous les musulmans" et que "les musulmans sont tous des terroristes".

Le lendemain, le Gallois s'était rendu de Cardiff à Londres dans l'intention d'attaquer les participants à une manifestation pro-palestinienne mais les rues étant bloquées, il s'était reporté sur une autre cible, demandant où il pouvait trouver une mosquée, a retracé le procureur.

Peu après minuit le 19 juin, il avait fini par jeter son véhicule sur un groupe de personnes regroupées près de la mosquée de Finsbury Park et venant en aide à Makram Ali, un homme de 51 ans victime d'un malaise. Ce dernier décédera lors de l'attaque.

Calme, semblant parfois hébété, Darren Osborne n'a pas bronché en regardant les images de vidéosurveillance dévoilées à l'audience, montrant la camionnette fonçant sur les fidèles, pour certains en habits traditionnels.

Le quadragénaire, qui plaide non coupable, n'a donné aucune explication sur son geste.

"J'ai fait mon boulot, vous pouvez me tuer maintenant", selon un témoin cité par le procureur.

Alors que les gens commençaient à s'en prendre à lui, le procureur a souligné que c'est l'intervention d'un imam qui a empêché la foule de le lyncher.

La mosquée de Finsbury Park était connue au début des années 2000 comme un haut lieu des islamistes londoniens, qui y écoutaient les prêches enflammés d'Abou Hamza. Ce dernier a été condamné à la perpétuité en 2015 aux États-Unis, notamment pour terrorisme. La direction de la mosquée avait depuis été changée.

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