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Bayrou réclame une démocratie sans "corset" à LREM

Dans l'allié "Mouvement démocrate", il y a "démocrate": c'est ce qu'a dit François Bayrou à Emmanuel Macron et LREM, dimanche à Guidel (Morbihan), martelant que "la majorité a besoin de voix libres, pas de corset".

Tout le weekend, les quelque 800 militants centristes se seront poussés du coude, satisfaits de s'être élevés contre leur "mise à l'écart" dans la majorité formée avec LREM, selon le mot du député Jean-Louis Bourlanges.

En a témoigné le tonnerre d'applaudissements récolté dimanche à la tribune par Marc Fesneau, le chef du groupe MoDem à l'Assemblée nationale, qui a recueilli 86 voix lors de l'élection pour le perchoir, alors que le parti ne compte que 46 députés.

La désignation du candidat de la majorité Richard Ferrand se fait entre seuls marcheurs? Les députés LREM ne peuvent pas signer d'autres textes que ceux venant de leurs rangs? "une discipline peut-être excessive", a confié Marc Fesneau à l'AFP.

"La majorité a besoin de voix libres qui s'expriment en son sein, pas de corset", a pour sa part lancé François Bayrou, dans son discours de clôture, en présence de Christophe Castaner, délégué général de LREM et secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement.

Adoptant un ton conciliant mais ferme, il a poursuivi: "Quand on est responsable - et je n'échappe pas à cette critique -, on a envie que tout soit carré, mais la liberté d'expression, de pensée est beaucoup plus fructueuse".

Le MoDem se sent d'autant plus fondé à avoir ces exigences que lors de sa création en 2007, il avait lui-même voulu "faire lever une génération qui renouvelle le clivage gauche-droite", a expliqué le maire de Pau.

"Cette proximité nous oblige, à parler non pas comme concurrents mais en co-responsables, chacun à sa place mais aussi chacun dans cette égale certitude de cette responsabilité", a-t-il dit.

- "Supplice chinois" -

Quelques minutes plus tôt, Christophe Castaner avait fait amende honorable, sous les applaudissements: "Nos deux formations auraient dû travailler plus ensemble, (dès décembre) j'évoquais un excès d'arrogance de LREM. (...) La première phase du quinquennat mérite une amélioration". Cette amélioration "doit se construire de façon +loyale et exigente+, j'ai fort bien compris le message et je le porte", a ajouté le patron de LREM.

"Pour l'instant ce n'est que du déclaratif, il n'y a pas d'amour, que des preuves d'amour", a noté Jean-Louis Bourlanges auprès de l'AFP.

"Je pense que nous avons été entendus... +écoutés+ ou +entendus+, il y a toute une hiérarchie", avait confié à la presse M. Bayrou samedi.

Et il a dispensé quelques conseils à Emmanuel Macron: "L'Elysée est un lieu clos, trop! Quand on se sent assiégé, il faut sortir de ce siège et rencontrer le plus souvent possible les Français".

Le président du MoDem a aussi égratigné les formules "cash" du chef de l'Etat comme le récent "Traversez la rue" pour trouver un emploi: "Moi ça ne m'a pas choqué, mais c'est comme le supplice chinois, goutte après goutte, ça a pu faire écho à d'autres déclarations", a averti le centriste, même s'il reconnaît que c'est à "chacun son style".

Car sur le fond - "droit du travail, orientation professionnelle, fiscalité des entreprises, heures supplémentaires"... - François Bayrou est apparu conquis par l'action gouvernementale.

Les plans pauvreté et santé annoncés ces derniers jours ont comblé ses attentes sur le volet social. Ce sont "deux signaux très importants pour nous qui pensons que doivent aller de pair le grand effort d'efficacité (...) et le grand effort de solidarité".

De ce fait, Jean-Louis Bourlanges exclut que le MoDem puisse jamais être frondeur: "On veut une réorganisation pour être associés, mais on n'a pas de rupture idéologique avec LREM, on est tous libéraux-sociaux-européens".

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