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Biathlon: Ole Einar Bjoerndalen, games over aux JO de Pyeongchang

Grosse désillusion pour l'athlète le plus médaillé de l'histoire des JO d'hiver: le poids de ses bientôt 44 années a brisé les espoirs du biathlète norvégien Ole Einar Bjoerndalen de concourir à Pyeongchang en février.

Insatiable, "le Cannibale" --un de ses nombreux surnoms-- avait encore faim de médailles, malgré les 13 récompenses olympiques (8 or, 4 argent, 1 bronze) déjà accrochées au mur. Jusqu'au bout, il a cru en ses chances de participer à ses septièmes Jeux.

"Je sais que je peux y arriver", affirmait-il la semaine dernière, après une piètre 42e place dans l'Individuel de Ruhpolding (Allemagne), nouvelle preuve d'une baisse de régime cruelle mais inexorable.

Dans cette étape de Coupe du monde cruciale pour lui, les fautes au tir lui ont coûté son billet pour la Corée du Sud et le Comité national olympique a résisté à la tentation de le repêcher.

"Les résultats atteints par Ole Einar Bjoerndalen en individuel pendant la Coupe du monde (...) ne sont pas assez bons. Il n'a hélas pas satisfait aux critères" de sélection, a déclaré lundi le chef du comité, Tore Oevreboe.

Les JO d'hiver perdent donc un visage familier et affable qui faisait partie du paysage depuis Lillehammer en 1994. L'actuel roi de la discipline, le Français Martin Fourcade, était alors encore en maternelle...

"Le héros de mon enfance", disait d'ailleurs de lui Fourcade l'an dernier. "Je suis d'une génération qui a grandi en regardant Ole Einar à la télé. Il m'a motivé à devenir bon quand j'étais jeune".

- Des chiffres en forme de superlatifs -

C'est à Nagano, en 1998, que Bjoerndalen perce vraiment. Après avoir été coupé dans son élan la veille par la météo, il remporte le sprint 10 km puis ira offrir l'argent à la Norvège en relais grâce à une remontée formidable.

S'ensuit une longue moisson de titres olympiques qui lui assurera une place de choix dans le coeur de ses compatriotes, férus de ski.

Bien qu'attendue, la décision a semé la consternation sur les réseaux sociaux où les internautes norvégiens parlaient de "scandale" et de "journée triste pour le biathlon".

Les Norvégiens se souviennent notamment du "grand chelem" réalisé aux JO de Salt Lake City en 2002 (4 titres en 4 épreuves de biathlon) mais aussi des 95 victoires individuelles en Coupe du Monde, des six gros globes de cristal et des 20 titres mondiaux.

Bjoerndalen a fait entrer le biathlon dans une nouvelle ère. Ses dix années (1997-2007) de féroce adversité avec le Français Raphaël Poirée ont permis à la discipline de décoller médiatiquement.

Aussi modeste que populaire, le "roi Ole" a gagné l'estime de tous, coéquipiers comme concurrents.

"Ce serait super bizarre d'aller aux JO sans Bjoerndalen", estimait le meilleur biathlète norvégien du moment, Johannes Thingnes Boe, cité par l'agence NTB quelques heures avant l'annonce de la sélection.

- Faux départs -

Bjoerndalen ne doit pas son succès à un physique exceptionnel --il ne sort pas du rang du haut de son 1,79 m-- mais à une détermination en acier et une préparation hyper-minutieuse qui ne laisse rien au hasard.

Enfant, le fils d'agriculteur consacre l'argent gagné un été grâce aux travaux à la ferme à l'achat d'une lampe frontale pour s'entraîner le soir. Il pratique le tir sur les soutiens-gorge de sa mère, pendus au fil à linge, et fait voeu dès 12 ans de ne pas toucher à l'alcool, selon des anecdotes relatées par la radiotélévision NRK.

Le meilleur biathlète de l'histoire a aussi été le premier à s'imposer des charges de travail hallucinantes à l'entraînement, au rythme de 900 à 1000 heures par an depuis l'âge de 15 ans.

Tel est le secret d'une longévité qui a bluffé les experts, prompts à prédire son départ à la retraite depuis de nombreuses années.

Après avoir effacé des tablettes les records de son prestigieux compatriote fondeur Bjoern Daehlie, Bjoerndalen a cependant peiné à mater les générations montantes d'une nation norvégienne jamais à court de talents (Emil Hegle Svendsen, Tarjei et Johannes Boe).

S'il avait laissé entendre qu'il raccrocherait après les Jeux de Sotchi en 2014, le vieux briscard avait finalement fait volte face et tenté de rempiler jusqu'à Pyeongchang. Ce sera finalement sans lui.

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