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Boycott du Pavillon russe du Salon du livre Paris: "une douche froide"

Les auteurs russes étaient amers vendredi au Salon Livre Paris après le boycott du Pavillon russe par le président français Emmanuel Macron.

"Ce boycott m’a fait l’effet d’une douche froide", a réagi Natalia Turine, directrice de la librairie du Globe, la grande librairie russe de Paris, et par ailleurs directrice de Louison Editions, une maison d'édition spécialisée dans la littérature russe contemporaine.

"Votre boycott du Pavillon russe, pays invité d’honneur cette année à Livre Paris, a un impact direct sur mes investissements. Et je passe sous silence l’impact sur moi en tant qu’éditrice et intellectuelle", a poursuivi l'éditrice et chef d'entreprise française, dans une lettre ouverte au président Macron dont l'AFP a obtenu une copie.

"J'ai décidé de ne pas me rendre sur le site officiel de la Russie (...) en solidarité avec nos amis britanniques" suite à l'affaire de l'ex-espion russe empoisonné en Angleterre, a dit le président jeudi soir à l'issue de l'inauguration de la plus grande manifestation littéraire de France.

Préparé depuis des mois, le Salon (ouvert au public de vendredi à lundi) devait mettre en avant le renouveau des lettres russes. Trente-huit auteurs russes y ont été invités.

"Honnêtement, nous sommes chagrinés. Pas offensés, mais chagrinés. Parce que nous étions prêts pour cette rencontre, comme un coureur retient son souffle dans la dernière ligne droite. Et pour nous, cela correspondait à la venue du président français. C'était un grand honneur", a regretté Eugene Reznichenko, directeur exécutif de l'Institut Perevod, chargé de promouvoir la traduction d'œuvres russes dans le monde.

Les écrivains de la délégation russe ne sont pas tous des partisans du président Vladimir Poutine, quasiment assuré d'obtenir un quatrième mandat à l'issue de l'élection présidentielle de dimanche.

"Je n'ai jamais dépendu du pouvoir, il ne m'a pas fait de cadeaux et je ne lui dois rien", avait ainsi confié jeudi à l'AFP la romancière russe Ludmila Oulitskaïa.

"+Pays invité d'honneur+ est un titre, certes honorifique, mais qui se paye et qui se paye cher", a souligné de son côté Mme Turine.

"C’est grâce à l’argent de ces pays invités d’honneur que ce festival est financé", a pointé du doigt l'éditrice en précisant qu'elle avait dépensé "100.000 euros" pour le stand de la librairie du Globe, librairie officielle du stand de la Russie.

"Je suis un chef d’entreprise français, et par votre boycott, j’ai reçu une claque, et mon entreprise est mise en péril", a lancé Natalia Turine au président.

"Vous avez fait de la culture un point fort de votre projet, mais, face à votre absence sur le stand de la Russie à +Livre Paris+ 2018, c’est un tout autre message que vous m’avez délivré", a-t-elle déploré.

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