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Brexit: un divorce sans accord "plus probable que jamais", selon Donald Tusk

Le scénario d'une absence d'accord entre Londres et l'UE dans les négociations sur le Brexit est "plus probable que jamais", a estimé le président du Conseil européen Donald Tusk à deux jours d'un sommet à Bruxelles.

"Nous devons néanmoins rester optimistes et déterminés, car il y a de la bonne volonté à poursuivre ces discussions des deux côtés", a écrit M. Tusk dans son invitation publiée lundi soir et adressée aux dirigeants européens qui doivent se retrouver mercredi et jeudi à Bruxelles.

"N'abandonnons pas", a-t-il exhorté, à un peu plus de cinq mois de la date de sortie, le 29 mars.

"Le fait que nous nous préparons à un scénario d'absence d'accord ne doit en aucun cas nous empêcher de tout mettre en œuvre pour parvenir au meilleur accord possible, pour toutes les parties. C'est ce que devrait être notre état d'esprit à ce stade", a poursuivi le président du Conseil, l'organe qui regroupe les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE.

Ces propos contrastent avec ceux tenus dans l'après-midi par la Première ministre britannique Theresa May. "Je continue de penser qu'un accord négocié est ce qu'il y a de mieux pour le Royaume-Uni et l'UE, je continue de croire qu'un tel accord est réalisable", a-t-elle affirmé devant la Chambre des Communes à Londres. "Personne ne veut" un divorce sans accord, a-t-elle insisté.

Au cours d'une rencontre avec des industriels à Berlin, la chancelière allemande, Angela Merkel, s'est voulue confiante, tout en soulignant la nécessité de préparer un potentiel échec des négociations. "Malheureusement, nous devons actuellement nous préparer à divers scénarios (...) Nous ne devons pas nous mettre la tête dans le sable et dire +tout finira par s'arranger+", a-t-elle averti.

Emmanuel Macron a également estimé possible "d'avancer" vers un accord, tout en rappelant que la France était "prête et préparée à tous les scénarios".

La Grande-Bretagne et l'UE n'ont "pas d'alternative" que trouver un accord, a souligné pour sa part le chancelier autrichien Sebastian Kurz, dont le pays assure la présidence tournante de l'Union. "Nous ferons tout notre possible pour éviter un Brexit dur", a-t-il ajouté.

- "Référendum sur l'unification" -

Dimanche, les dernières négociations avant le sommet qui s'ouvre mercredi n'avaient rien donné. Le négociateur en chef de l'UE Michel Barnier avait fait savoir que "certaines questions clés" restaient "en suspens", en particulier celle du sort de la frontière entre l'Irlande et la province britannique d'Irlande du Nord après le Brexit.

Londres et Bruxelles se sont engagés à ne pas réinstaurer de frontière matérielle sur l'île d'Irlande, conformément à l'accord de paix du Vendredi saint signé en 1998, mais cet engagement va à l'encontre de la volonté du Royaume-Uni de quitter le marché unique et l'union douanière européenne.

Le petit parti d'Irlande du Nord DUP, dont les dix députés sont nécessaires à Theresa May pour disposer d'une majorité absolue au Parlement et qui refuse tout statut spécial pour la province britannique, complique les arbitrages que Mme May va devoir faire.

"Je ne vois pas quel accord obtiendrait la majorité" au cours d'un vote au Parlement, a déclaré lundi le porte-parole du DUP sur le Brexit, Sammy Wilson, au journal Belfast Newsletter.

"S'il y a un crash, s'il y a un Brexit dur, alors il y aura une demande immédiate pour un référendum sur l'unification de l'Irlande", a prévenu Mary Lou McDonald, la dirigeante du Sinn Féin, l'autre principale formation nord-irlandaise, partisane de l'unification.

"Il ne serait pas acceptable que tous les dégâts d'un Brexit dur reposent sur l'île d'Irlande et que le gouvernement britannique s'attende à ce que l'Irlande, du Nord et du Sud, prenne cela avec philosophie", a-t-elle ajouté.

Le porte-parole de la Commission européenne, Margaritis Schinas, a souligné que l'UE travaillait "dur pour un accord". "Mais notre travail de préparatifs en vue de toutes les éventualités se poursuit et s'intensifie" pour le cas d'une absence d'accord.

- "Novembre ou décembre" -

Les dirigeants des 27 partenaires du Royaume-Uni doivent décider de la marche à suivre lors d'un dîner de travail mercredi, juste après une réunion à laquelle la participation de Theresa May a été confirmée.

Il est probable qu'ils délivreront un double message: les négociations se poursuivent mais l'UE doit se préparer à l'hypothèse d'une séparation sans accord, "non parce qu'un accord ne serait plus possible mais parce que le compte à rebours est engagé", a confié à l'AFP un négociateur européen.

Le Premier ministre irlandais Leo Varadkar a, lui, dit s'attendre à un accord plutôt en "novembre ou en décembre". Un sommet européen extraordinaire consacré aux négociations est envisagé à la mi-novembre, mais n'a pas été confirmé.

"Nous sommes toujours ouverts au compromis mais il y a des fondamentaux sur lesquels un compromis n'est pas possible", a averti le dirigeant irlandais, qui demande au Royaume-Uni de "faire en sorte qu'aucune frontière dure ne sera mise en place sur l'île d'Irlande", quel que soit le scénario du Brexit.

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