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Brexit: Macron perçu à Londres comme un "faucon", à l'approche de la date fatidique

Emmanuel Macron est une nouvelle fois perçu comme un faucon en Europe dans les négociations sur le Brexit, soumettant les députés britanniques à d'intenses pressions afin qu'ils ratifient l'accord négocié par la Première ministre Theresa May.

Le président français a rejeté un report trop conséquent du Brexit, qui doit intervenir le 29 mars, se disant même prêt à une absence d'accord sur le retrait du Royaume-Uni.

Jeudi encore, il a exhorté les députés britanniques à approuver l'accord sur le Brexit négocié entre Theresa May et les 27 autres membres de l'UE, même si celui-ci a déjà été rejeté par deux fois par le Parlement de Westminster.

Un autre vote est attendu la semaine prochaine.

"Je suis évidemment tout à fait ouvert à une prolongation technique qui doit être la plus courte possible en cas de vote positif", a dit le chef de l'Etat français lors d'un sommet européen à Bruxelles.

Mais "en cas de vote négatif britannique, nous irions vers un no deal", a-t-il mis en garde, répétant que l'accord de retrait tel qu'il a déjà été négocié par l'UE "ne peut pas être renégocié".

Dans un éditorial jeudi, le quotidien conservateur The Daily Telegraph établit une "symétrie" entre le général De Gaulle, qui avait empêché que le Royaume-Uni rejoigne l'UE en 1963 et 1967 et Emmanuel Macron qui cherche aujourd'hui à "nous pousser plus rapidement" vers la sortie.

Le président français est régulièrement perçu par la presse britannique de droite, depuis le référendum sur le Brexit en 2016, comme à la tête des "faucons" partisans de fermeté dans les négociations avec Londres.

Mais l'attitude française n'est qu'une rhétorique consistant à dire plus directement ce qu'autres dirigeants européens sont plus prompts à taire, selon des analystes et des diplomates.

- "Pas de dissensions réelles" -

"Nous avons souvent eu des débats sur la tactique à adopter, entre les 27, mais jamais de dissensions réelles sur les choses fondamentales", estime un haut responsable européen dans un entretien à l'AFP.

"Je n'ai trouvé personne qui ait une approche plus flexible", analyse François Heisbourg, ancien diplomate français et conseiller à l'International Institute for Strategic Studies (IISS) à Londres. "Les Français ont juste fait part de leur position, très clairement. C'est leur approche cartésienne", explique-t-il.

Emmanuel Macron a à plusieurs reprises eu des mots durs sur le Brexit, qualifiant les partisans d'une sortie de "menteurs" et, plus récemment, d'"exploiteurs de colère, soutenus par les fausses informations".

Cette position peut s'expliquer par la vision européenne du président français, arrivé au pouvoir en 2017 avec la promesse de renforcer le projet européen en encourageant les pays membres à renforcer leurs liens économiques, politiques et militaires, soit l'exact opposé du Brexit.

D'autre part, M. Macron voit arriver les élections européennes du 26 mai, tandis que les sondages placent en bonne position les eurosceptiques français, et en particulier la cheffe de l'extrême droite Marine Le Pen.

"La position de la France est de dissuader tout autre pays de tenter de quitter l'Union", estime Jean-Marc Huissoud, professeur de relations internationales à la Grenoble Ecole de Management, en France.

Le chef dfe l'Etat veut également "mettre fin aux incertitudes le plus vite possible, comme tout le monde au sein de l'UE", souligne M. Heisbourg. "Afin de libérer plus de temps pour d'autres choses".

Mais, même si M. Macron est de plus en plus exaspéré par les atermoiements britanniques, il n'est cependant pas réellement prêt à provoquer un "no deal" -- qui serait catastrophique pour l'économie -- en empêchant tout report du Brexit.

"Les Français sont fermes sur les principes mais la réalité est tout autre", précise le haut responsable européen.

"Les Français donnent pour l'instant l'impression d'être plus intransigeants mais, quand leur flotte de pêche ne pourra plus aller en mer, que ces personnes se retrouveront au chômage et dans la rue, avec les +gilets jaunes+, alors que faire?", se demande un autre diplomate européen parlant sous condition d'anonymat.

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