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Cameron: "Nous ne sommes pas exclus" de l'UE

Le Premier ministre britannique David Cameron a justifié son veto au projet de modification de traité de l'UE à 27, en assurant que son pays n'était pas isolé ni a fortiori exclu de l'Union, dans le souci de mettre une sourdine aux cris de victoire eurosceptiques dans son camp.

"Nous ne sommes pas exclus, nous sommes dans l'Union européenne, nous sommes un membre dirigeant du marché unique", a martelé vendredi soir le Premier ministre britannique David Cameron, mâchoires serrées, à l'issue du sommet européen de crise qui s'est conclu sur un accord pour renforcer la discipline budgétaire de la zone euro, entériné par 26 des 27 pays membres. "Je ne pouvais pas présenter ce nouveau traité devant notre Parlement", avait déclaré dans la matinée M. Cameron, reconnaissant implicitement le poids du lobby financier et des eurosceptiques de son parti.

En apparence désolé

En apparence désolé, l'un des chef de file des eurosceptiques, John Redwood, a jugé "très décevant que le reste des dirigeants européens aient rejeté l'offre généreuse du Premier ministre, qui suggérait des garde-fous pour la City en échange d'un soutien au nouveau traité pour aider l'euro". En réalité, M. Redwood jubilait, à l'instar de ses amis politiques à la droite du Parti conservateur.
 
Ainsi, le député Mark Reckless a encouragé M. Cameron à ne pas s'arrêter en si bon chemin. Le veto "nous donne l'occasion de négocier une nouvelle relation avec l'Union européenne qui serve nos intérêts". Et de recommander le rapatriement de prérogatives abandonnées à l'UE, l'organisation d'un référendum pour ou contre le maintien du Royaume-Uni dans le club des 27. Et au final, un statut "comparable à la Suisse".

"Vers une renégociation fondamentale des traités"

Londres est maintenant "embarqué de façon très sérieuse et responsable sur la voie d'une renégociation fondamentale des traités régulant ses relations avec l'Union européenne", a assuré le parlementaire Bill Cash. Eurosceptique historique, il a été au coeur de la rébellion qui a précipité la chute du Premier ministre conservateur John Major, et ouvert en grand les portes au travailliste Tony Blair, en 1997.
 
En attendant, M. Reckless a appelé à la vigilance face "aux nouveaux arrangements institutionnels (convenus à 26 pays) pour continuer à réglementer la City au nom de leurs intérêts plutôt que des nôtres".

Victime d'une prise d'otage 

Relativement accommodant vis-à-vis de Bruxelles depuis son accession au pouvoir en mai 2010, le Premier ministre a radicalisé son attitude en octobre après une démonstration de force des eurosceptiques à la chambre des Communes. Jusqu'à se ranger parmi les critiques de Bruxelles en déclarant: "Nous, les sceptiques".
 
Le chef du parti travailliste Ed Miliband a décrit un Premier ministre victime d'une prise d'otage."C'est un développement terrible pour la Grande-Bretagne, car nous allons maintenant être exclus des décisions économiques majeures", a-t-il dit.
 
Au plan politique, la question se pose par ailleurs des conséquences du veto sur le mariage de raison entre les libéraux-démocrates europhiles et les conservateurs, réunis depuis mai 2010 au sein d'un gouvernement de coalition.

"Nous sommes dans un beau pétrin"

Le vice-Premier ministre Nick Clegg s'est montré dans un premier temps accommodant, en regrettant l'absence d'accord à Bruxelles malgré "les propositions modestes et raisonnables" de Londres. Mais l'ancien chef de la diplomatie Lord Owen a fait entendre une autre musique: "Nous sommes dans un beau pétrin (...). Le danger, c'est de nous retrouver tout seuls".
 
La Grande-Bretagne est coutumière du cavalier seul. Elle s'est exclue de la zone de libre circulation de Schengen et de l'euro. Et Margaret Thatcher a provoqué la pire crise de l'histoire de la construction européenne avec son leitmotiv "Je veux qu'on me rende mon argent". A ce jour cependant, ses menaces de veto n'avaient jamais été suivies d'effet.

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