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Catalogne: un indépendantiste incarcéré de nouveau désigné candidat à la présidence

L'indépendantiste incarcéré Jordi Sanchez sera de nouveau candidat à la présidence de Catalogne, a annoncé samedi le président du parlement régional, un choix soutenu par l'ancien dirigeant Carles Puigdemont qui a de nouveau appelé au dialogue avec Madrid depuis Berlin.

"Je propose le député Jordi Sanchez comme candidat à l'investiture. C'est lui qui réunit le plus de soutiens", a tweeté le président du parlement Roger Torrent. Lors d'une précédente tentative fin mars, Jordi Sanchez avait retiré sa candidature car la justice refusait de le libérer pour son investiture.

C'est la quatrième fois depuis le début de l'année que le président du parlement catalan propose un candidat: il a commencé par le président régional destitué par Madrid Carles Puigdemont, puis a choisi une première fois Jordi Sanchez et enfin l'ancien porte-parole de l'exécutif catalan Jordi Turull.

La date de la prochaine session d'investiture sera fixée la semaine prochaine, selon une source proche du président de la chambre régionale.

Si un nouveau président de Catalogne n'est pas désigné avant le 22 mai, de nouvelles élections régionales seront automatiquement convoquées. Et, tant qu'elle n'a pas d'exécutif, la Catalogne reste sous la "tutelle" de Madrid, qui a suspendu son autonomie après la déclaration d'indépendance mort-née du 27 octobre.

Les ennuis judiciaires du noyau dur indépendantistes ont bloqué les trois premières tentatives d'investiture: soit parce que le candidat se trouvait à l'étranger, comme M. Puigdemont qui échappe ainsi à un placement en détention, soit parce qu'il se trouvait en prison, comme Jordi Sanchez puis Jordi Turull.

Les trois hommes sont inculpés pour "rébellion", un chef d'accusation passible de 30 ans de prison.

Jordi Sanchez, 53 ans, ancien dirigeant de la puissante association indépendantiste Assemblée nationale catalane (ANC), est en détention depuis presque six mois, pour avoir participé le 20 septembre à une manifestation autour d'un bâtiment perquisitionné par des agents des forces de l'ordre, qui n'avaient pas pu en sortir pendant plusieurs heures.

Pour être investi, il doit obtenir une autorisation de sortie du juge, qui la lui avait refusé lors de sa première candidature fin mars, le poussant à jeter l'éponge.

- Droit international -

Les indépendantistes amorcent ainsi un nouveau bras de fer avec Madrid en s'appuyant sur une résolution du Comité des droits de l'homme des Nations unies, saisi d'une plainte pour la violation des "droits politiques" de M. Sanchez.

Dans l'attente d'un examen approfondi, le comité a demandé le 23 mars à l'Espagne de s'assurer du "respect des droits politiques" de M. Sanchez, sans préciser comment.

Pour la présidence du parlement catalan, cette résolution devrait amener la justice à liberer M. Sanchez.

"La Cour suprême est à la croisée des chemins: elle doit respecter la légalité internationale", assure un proche de Roger Torrent à l'AFP.

Carles Puigdemont a évoqué des arguments semblables en apportant samedi son soutien à Jordi Sanchez.

"Il faut aujourd'hui réclamer que l'Etat (espagnol) change d'attitude. Qu'il garantisse les droits politiques de notre député Jordi Sanchez à être président" régional, a-t-il déclaré à Berlin.

Jordi Sanchez est égalment soutenu par Amnesty international, qui a estimé en février que sa détention était "excessive".

Carles Puigdemont a par ailleurs souligné que l'indépendance n'était pas l'unique solution pour la Catalogne: "Nous sommes prêts à écouter et à travailler si les autorités espagnoles ont un projet espagnol pour la Catalogne".

L'indépendantiste a redit souhaiter une "médiation internationale" pour sortir de la crise entre le gouvernement et les indépendantistes de Catalogne, qui représentent environ la moitié de sa population. Il a assuré vouloir "discuter et négocier".

Carles Puigdemont a été libéré vendredi par un tribunal allemand après une dizaine de jours d'incarcération.

La police l'avait arrêté à la demande de l'Espagne, qui exige sa remise pour "rébellion" et "malversation de fonds". Mais la justice allemande estime que la rébellion n'est pas accréditée, un camouflet pour l'Espagne.

Il attend désormais la décision de fond de la justice allemande qui peut encore l'extrader pour malversation de fonds.

La ministre allemande de la Justice, Katarina Barley, a salué sa libération estimant que la décision des juges allemands était "absolument correcte", suscitant un certain émoi en Espagne.

A Madrid, le chef du gouvernement Mariano Rajoy a assuré toutefois ne pas vouloir s’immiscer dans ce dossier "absolument judiciaire".

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