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Catalogne: un "tsunami" clandestin à l'origine de la mobilisation

Clandestine et disposée à mener des actions coup de poing, la mystérieuse organisation "Tsunami Démocratique", qui a bloqué lundi l'aéroport de Barcelone, a fait hausser le ton au séparatisme catalan qui se targuait jusqu'ici du caractère pacifique et festif de ses mobilisations.

Avec une structure opaque et des dirigeants inconnus, cette nouvelle plateforme qui communique via les réseaux sociaux et des applications de messagerie cryptée a réussi à mobiliser des milliers de personnes outrées par la condamnation lundi par la Cour suprême de neuf leaders indépendantistes à des peines allant de neuf à 13 ans de prison.

Durant plusieurs heures, 10.000 personnes, selon le ministère de l'Intérieur, ont bloqué l'accès à l'aéroport de la métropole catalane lors de la manifestation la plus musclée organisée à ce jour par le mouvement séparatiste: 110 vols annulés et 115 blessés dans des échauffourées avec la police.

Afin de permettre aux militants d'accéder à l'intérieur de l'aéroport hautement sécurisé, le "Tsunami démocratique" avait envoyé à ses membres des centaines de faux billets d'avion.

"Cela ne fait que commencer. Nous devons nous préparer pour ce qui va venir et faire en sorte que le tsunami démocratique ne puisse pas être arrêté", a célébré la plateforme lundi soir.

Un ton qui contraste nettement avec le style festif des débuts, il y a dix ans, des mobilisations massives organisées par les puissantes associations indépendantistes ANC et Omnium qui avaient baptisé le mouvement "révolution des sourires".

Mais après l'échec de la tentative de sécession de 2017, pour laquelle ont été condamnés lundi les dirigeants indépendantistes, des militants ont compris "que cette révolution des sourires n'a pas bien tourné", note l'historien et analyste Joan Esculies.

Et désormais, "le Tsunami Démocratique entend mener une espèce de guérilla urbaine avec des actions ponctuelles", ajoute-t-il.

"Faisons de la Catalogne un nouveau Hong Kong", ont lancé de nombreux séparatistes sur les réseaux sociaux après l'apparition de la plateforme.

- Qui est derrière le "Tsunami" ? -

Surpris par l'ampleur du blocage de l'aéroport, médias et gouvernement espagnols se demandaient mardi qui était derrière cette plateforme.

"Il y a une enquête (...) Je ne doute pas du fait que nous finirons par savoir qui est derrière le mouvement", a assuré le ministre de l'Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, à la radio publique.

Le groupe est apparu en septembre sur les réseaux sociaux dans le cadre d'une campagne de mobilisation contre la future sentence de la Cour suprême, sur la base de "la lutte non violente" et de la "désobéissance civile".

Sa création est intervenue au lendemain d'une réunion en Suisse de plusieurs dirigeants séparatistes, dont l'ancien président régional Carles Puigdemont, laissant penser que des partis ou associations séparatistes pouvaient en être à l'origine.

Mais "Tsunami démocratique" le nie.

Le mouvement "regroupe des gens de sensibilités différentes (...) mais il n'est contrôlé par aucune entité ou parti. Même s'ils sont informés de son articulation", assure à l'AFP un de ses organisateurs.

Maintenant un anonymat total, les membres de la plateforme communiquent via des applications cryptées et diffusent leurs messages de façon prioritaire via la messagerie Telegram, où leur groupe compte 150.000 membres.

Lundi, la plateforme a lancé une application mobile pour distribuer ses messages. Pour l'utiliser, un code QR est nécessaire et ne peut être envoyé que par un membre.

Pour faire parler de lui, "Tsunami démocratique" a fait lire, dans une vidéo diffusée lundi soir, son message de présentation à l'entraîneur de Manchester City Pep Guardiola, indépendantiste convaincu, et des musiciens connus en Catalogne ont enregistré son hymne.

La plateforme a affirmé que ce message de Guardiola était diffusé par l'AFP, ce qui est faux.

Elle a par ailleurs diffusé un appel à bloquer les accès de l'aéroport de Madrid avec 1.200 voitures et assuré que cela avait été un succès alors que, selon les autorités, un tel blocage n'a pas eu lieu.

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