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Chômage en hausse, croissance zéro: le nouveau gouvernement italien au défi

Chômage des jeunes en nette hausse en juillet et croissance nulle au premier semestre: les données publiées vendredi ne sont guère encourageantes pour le futur gouvernement italien Cinq étoiles - centre gauche, qui entend relancer le pays en le rendant "plus compétitif" mais aussi "plus inclusif".

Le taux de chômage a augmenté de 0,1 point le mois dernier, à 9,9%, restant néanmoins encore sous la barre symbolique des 10% qu'il avait franchie à la baisse en mai pour la première fois en sept ans, a annoncé l'Institut national des statistiques (Istat).

En revanche, parmi les jeunes de 15 à 24 ans, la hausse a été beaucoup plus marquée, de 0,8 point, avec un taux atteignant désormais 28,9%.

Le chômage des jeunes, y compris les plus diplômés, est endémique en Italie. Et Giuseppe Conte, le Premier ministre chargé de constituer un gouvernement, l'a mentionné dans son discours d'acceptation jeudi matin, promettant des mesures pour "faire de l'Italie un pays attractif pour les jeunes".

La péninsule affiche un taux de chômage très au-dessus de la moyenne de la zone euro, où il s'élève à 7,5% pour l'ensemble de la population active et à 15,6% chez les 15-24 ans.

- "Mal-être social" -

La troisième économie de la zone euro se porte mal, ce qui pèse sur le moral des Italiens, comme en témoigne la baisse de l'indice de confiance des ménages en août. Après une récession au second semestre 2018 (recul du PIB de 0,1%), l'Italie a connu une croissance nulle de son Produit intérieur brut (PIB) sur les six premiers mois de 2019, a confirmé vendredi l'Istat.

Pour l'ensemble de l'année, la Commission européenne et le Fonds monétaire international (FMI) tablent sur une croissance de seulement 0,1%. Mais certains experts sont encore plus pessimistes, estimant que la péninsule pourrait de nouveau tomber en récession.

L'économie italienne est affectée par le ralentissement économique dans toute l'Europe, les tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis, mais aussi par la prudence des entreprises qui investissent moins, inquiètes à la fois de l'évolution mondiale et de l'instabilité politique.

Déjà fragilisé par les tensions au sein de la coalition formée par la Ligue (extrême droite) de Matteo Salvini et du Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème), le pays a plongé dans l'instabilité politique quand M. Salvini a fait éclater le 8 août cette alliance formée 14 mois plus tôt.

Jeudi, le Premier ministre démissionnaire, Giuseppe Conte, a accepté de former un nouvel exécutif soutenu par le Parti démocrate (PD, centre gauche) et le Mouvement Cinq Etoiles (antisystème), mettant fin à trois semaines d'incertitude.

- Empêcher une hausse de la TVA -

"Sur le papier, le nouveau gouvernement devrait être plus responsable en terme budgétaire, mais il subira une énorme pression pour éviter toute austérité", souligne Lorenzo Codogno, ancien économiste en chef du Trésor italien et fondateur du cabinet LC Macro Advisors, dans une note d'analyse.

"Le PD a perdu les précédentes élections pour ne pas avoir été capable de comprendre le mal-être social" et "c'est indubitablement un domaine où les deux partis peuvent trouver un terrain d'entente", juge-t-il, en estimant que le nouvel exécutif, qui devrait être formé dans les prochains jours, devrait maintenir le revenu de citoyenneté destiné aux plus modestes, mais en le rendant plus efficace, et réduire la taxation sur l'emploi.

Il entend aussi éviter la hausse automatique de la TVA, de 22% à plus de 25% prévue en 2020, afin de ne pas affecter davantage le pouvoir d'achat des familles.

Selon M. Codogno, il devrait aussi relancer le plan Industrie 4.0, visant à accélérer la modernisation des entreprises et la formation via des incitations fiscales, et mettre l'accent sur le développement du Sud, qui se dépeuple faute d'emplois et d'infrastructures (routes, écoles, services sociaux).

La hausse du chômage, notamment chez les jeunes, montre que "l'Italie traverse un moment délicat et critique, qui exige la responsabilité maximale des forces politiques et des choix courageux en faveur d'une relance de l'économie", a d'ailleurs plaidé l'association de consommateurs Federconsumatori.

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