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Chômage: les Européens mobilisés pour éviter une "génération perdue"

Les dirigeants européens veulent se mobiliser en fin de semaine contre le chômage des jeunes, un fléau qui risque d'accentuer la désaffection envers l'Europe, avant d'importantes échéances électorales sur le continent dans les prochains mois.

"La lutte immédiate contre le chômage, et plus particulièrement celui des jeunes, est essentielle", a estimé Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen, qui a fait de cette question le thème central du sommet de jeudi et vendredi. "Mais les politiques sociales sont de la responsabilités des Etats. L'UE peut seulement aider", a-t-il prévenu.

Plus de 26 millions de personnes sont au chômage en Europe, dont 5,6 millions de moins de 25 ans. Une situation intolérable qui fait craindre l'émergence d'une "génération perdue", comme l'a souligné la semaine dernière le président américain Barack Obama lors de sa visite à Berlin.

La situation s'est dégradée avec la crise et les politiques d'austérité, notamment dans les pays du sud (Grèce, Espagne, Portugal), où le chômage touche plus d'un jeune sur deux.

Face à cette situation alarmante, "on veut éviter un nouveau sommet avec beaucoup de déclarations et peu d'actions", insistait lundi un diplomate européen. Mais le risque est important que les décisions se prennent plus tard, notamment lors de la rencontre des ministres européens de l'Emploi le 3 juillet à Berlin.

Un relatif consensus existe pour puiser dès 2014 dans une enveloppe de six milliards d'euros prévue dans le budget européen pour l'emploi des jeunes dans les régions les plus frappées par le chômage. Treize pays sont concernés. L'idée est de mobiliser cette somme sur deux ans au lieu de sept.

D'autres initiatives sont "sur la table pour utiliser des ressources déjà existantes et permettre aux jeunes d'accéder au marché de l'emploi après leur fin d'études", a affirmé lundi le chef du gouvernement italien, Enrico Letta, qui a fait de la lutte contre le chômage des jeunes une de ses priorités.

"Nous ne demandons pas plus d'argent", a insisté M. Letta, qui s'attend jeudi à des "négociations tendues". Concrètement, il propose de puiser dans le reliquat important des fonds structurels européens non utilisés par l'Italie sur la période 2007-2013, ou de recourir à la Banque européenne d'investissement (BEI), pour venir en aide aux jeunes chômeurs. "Mais il y a sur ce point un bras de fer avec les Allemands qui sont réticents", a-t-il souligné.

Les 27 ont récemment approuvé une "Garantie pour la jeunesse", qui prévoit que chaque jeune se voit proposer une formation ou en emploi dans les quatre mois après la fin de ses études ou la perte de son emploi. Mais ils peinent à traduire cette décision en actes, faute de moyens.

Les Européens devraient également chercher jeudi à pallier le manque d'accès au crédit des PME en impliquant davantage la Banque européenne d'investissement. La BEI avait déjà été mise à contribution pour moitié dans le cadre du pacte pour la croissance adopté par l'UE il y a tout juste un an sous l'impulsion de la France.

Les chefs d'Etat et de gouvernement doivent d'ailleurs faire le bilan, en demi-teinte, de ce pacte de 120 milliards d'euros. Si la totalité de l'enveloppe a été mise à disposition des Etats, le sentiment d'urgence a disparu et la mobilisation est restée faible, selon une source européenne.

Au delà de l'urgence du chômage des jeunes, les 27 devraient prendre note des avancées concernant l'union bancaire après une nouvelle réunion mercredi soir des ministres des finances pour se mettre d'accord sur les mécanismes de liquidation ordonnée des banques.

Le renforcement de la zone euro, dont les dirigeants européens devaient débattre un an après le lancement d'une réflexion sur ce sujet, devrait en revanche être renvoyé à des jours meilleurs, au moins après les élections allemandes prévues en septembre, en raison de sa complexité et des divergences qu'il suscite. Les élections européennes, autre scrutin déterminant, sont prévues en mai 2014.

Côté diplomatie, les Européens doivent donner officiellement vendredi le feu vert à l'adhésion de la Croatie, qui le 1er juillet deviendra le 28e Etat membre de l'UE. Ils pourraient se prononcer sur une date pour ouvrir les négociations d'adhésion de la Serbie.

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