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Coronavirus en Europe: la Suisse a rouvert ses stations de ski, mais pas la France

Si la deuxième vague de Covid-19 a touché la Suisse de plein fouet, avec des taux d'incidence régionale parmi les plus élevés d'Europe, ça ne les a pas empêchés de rouvrir les stations de ski.

Masque partout hors des pistes

Avec une seule mesure pour les vacanciers : "Le port du masque est obligatoire partout. Sauf sur les pistes", résume l'ancien champion olympique de ski Didier Défago (à gauche sur la photo ci-dessous), président des Remontées mécaniques du canton du Valais. Partout, ça veut dire "sur toutes les installations, dans tous les lieux fermés, dans tous les endroits où on est en colonne", précise-t-il. Donc non seulement dans les cabines fermées, mais désormais aussi sur les installations à l'air libre (télésièges et téléskis) et dans les files d'attente, y compris celles à ciel ouvert.

Aération, gel et policiers

De plus, le personnel porte des visières en plexiglas et "les fenêtres des télécabines sont ouvertes toute la journée. Aération, masques, gel hydroalcoolique, distanciation, c'est une addition de mesures de protection", explique à l'AFP Laurent Vaucher (à droite sur la photo ci-dessus), directeur de Téléverbier, la plus importante société de remontées mécaniques de la partie francophone de la Suisse. Et pour veiller au grain, dans tous les domaines, non loin de la zone de départ des télécabines, les forces de l'ordre surveillent que les règles anti-coronavirus sont respectées.

Skieurs ravis

Une situation qui ne déplait pas aux skieurs. "Du moment que tout le monde respecte le port du masque, les règles qui sont mises en place, ça a l’air d’assez bien marcher et j’espère que ça continue comme ça", témoigne Louis. Ludovic, qui porte un tour de cou disposant d'un filtre Covid, acquisse. "Le Covid, c'est un frein. Mais en venant skier le matin, c'est raisonnable. Je me sens en sécurité", dit-il avant de dévaler la piste en famille.

Pas de restaurants ni de voyages scolaires 

Il faut également noter que les restaurants sont fermés, et que les stations ne peuvent donc pas compter sur les évènements organisés en soirée. Un manque à gagner accentué par l’interdiction des voyages scolaires, qui "représentent entre 5 et 30% des chiffres d'affaires des stations, selon la dépendance de ces dernières à ce type de tourisme", estime Grégory Quin, historien du sport à l'Université de Lausanne.

Inconnue sur la venue de touristes étrangers

Elles craignent donc pour la suite de la saison. Car si pour l’instant, c’est une clientèle régionale qui vient, la venue des Européens pendant les vacances n’est pas encore garantie, même si le gouvernement suisse a sorti la plupart des pays européens de sa liste rouge de mise en quarantaine. Reste à savoir s’ils pourront quitter leur pays, ce qui n’est pas exemple pas le cas des Britanniques, traditionnellement nombreux sur les pistes. "On navigue à vue dans le brouillard pour l’instant. C’est clair que le passage des frontières étant restreint et ici nos stations vivant beaucoup de la clientèle étrangère ça va être problématique. Alors pour l’instant on voit une période de Noël assez en retrait mais on espère une deuxième partie de saison meilleure", explique Laurent Vaucher.

Espoir d'une ruée des Suisses dans leurs stations

Voilà pourquoi les stations espèrent que les Suisses, qui ont pris d'assaut les montagnes cet été, seront aussi plus nombreux sur les pistes cet hiver. "Tous en piste!" est d'ailleurs le mot d'ordre lancé à l'automne par l'association des Remontées mécaniques suisses. "C'est là que l'on a une carte à jouer", assure le directeur de TeleVerbier, qui a d’ores et déjà fait une croix sur la clientèle américaine et asiatique. Se focaliser sur les Suisses semble fonctionner. Fin octobre, quelque 110.000 personnes avaient déjà souscrit au Magic Pass, un forfait low-cost permettant de skier dans plus de 30 destinations. C'est davantage de monde que la saison précédente, si l'on tient compte du départ de Crans-Montana de l'offre. Ce forfait a été lancé il y a trois ans pour tenter de faire face à la chute continue du nombre de skieurs. Mais si "les baby-boomers étaient très skieurs et très nombreux, les générations suivantes sont moins nombreuses, et en partie issues de l'immigration, donc sans culture du ski. Ce qui fait que les jeunes générations génèrent moins de skieurs, mais cela ne veut pas dire qu'elles ne skient pas", explique à l'AFP Laurent Vanat, auteur d'un rapport annuel sur le marché mondial du ski.

En outre, renchérit l'historien du sport Grégory Quin, "la diversification touristique rendue possible grâce aux compagnies aériennes low-cost et l'éparpillement disciplinaire dans les choix des pratiques jouent contre le ski, qui est très cher et doit rivaliser avec d'autres pratiques". Mais avec le Covid, dit-il à l'AFP, "les Suisses auront peut-être appris à préférer à aller à Verbier plutôt qu'à Bali".

Ouverture le 17 décembre en Autriche, pas encore de signal pour la France

Ailleurs en Europe, les Autrichiens prévoient eux d’ouvrir le 17 décembre. Quant aux stations françaises, elles en sont encore à préparer leur saison, sans savoir quand elles obtiendront le feu vert du gouvernement. Mais celui-ci se montre très prudent quant à un desserrement progressif du confinement d'ici Noël. D’autant que les hôpitaux de Savoie et Haute-Savoie saturent.

Les gérants des pistes prêts

L'avant-saison représente 13,5% de la fréquentation et Noël 13,0% environ, quand février et mars pèsent pour plus de la moitié. "On a les mains sur le buzzer; on sera prêts dès que le feu passera au vert. Et ce sera ‘bienvenue dans les stations’ avec des règles bien préparées et diffusées", affirme Jean-Marc Silva, directeur de France Montagne, organisme de promotion de destination. Dans les Pyrénées, les stations se préparent aussi à ouvrir. "Le moment venu, si la neige est là et qu'on est autorisés à exploiter, nous serons prêts", affirme Christophe Esparseil, qui dirige les trois stations de Haute-Garonne.

Masque partout sauf sur les pistes aussi

Comme en Suisse, il devrait être possible de skier à visage découvert sur les pistes. En revanche, le masque sera obligatoire dans les files d'attente, les remontées mécaniques, les rassemblements des cours de ski et les commerces, selon des protocoles testés l'été dernier. In été où la fréquentation a été meilleure qu'espéré grâce aux Français et aux néophytes, dont les stations attendent le retour pour compenser l'absence des touristes étrangers.

Le "sans frais d'annulation" devient la norme

Pour l'heure le reconfinement a "ralenti les réservations" mais "il n'y a pas de risque à réserver" car "les différents acteurs proposent quasiment tous des annulations sans frais", insiste M. Silva. Malgré cela, "la semaine de Noël enregistre -50% de réservation et celle du Nouvel An -40%", relève Eric Brèche, président des Syndicat national des moniteurs du ski français.

Il faut dire que sans hôtellerie ni restauration, il n’y a pas de saison de ski possible...

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