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Restrictions nocturnes en Allemagne contre la pandémie

Confrontées à une hausse inquiétante des infections, de grandes villes allemandes dont Berlin ont imposé des restrictions nocturnes aux bars et restaurants à partir de ce samedi.

A Berlin, les établissements devront fermer leurs portes à partir de samedi soir entre 23H00 et 06H00, une tranche horaire qui voit habituellement déambuler chaque week-end des dizaines de milliers de personnes dans la capitale où de nombreux bars restent ouverts toute la nuit.

Ces restrictions, qui concernent tous les magasins sauf les pharmacies et stations-service, seront en place au moins jusqu'au 31 octobre. La vente d'alcool dans les stations-service sera également prohibée.

Francfort a pris une mesure similaire, entrée en vigueur vendredi soir, avec la fermeture des bars et restaurants et l'interdiction de vente d'alcool entre 22H00 et 06H00.

- "Coup de grâce" -

Et samedi matin, c'est Cologne, la capitale de la région la plus peuplée, la Rhénanie du nord-Westphalie, qui a annoncé une mesure similaire à partir de 22H00.

Autre grande ville allemande, Hambourg a elle opté pour le port obligatoire du masque dans les lieux publics à partir de lundi.

A Berlin, il s'agit d'un nouveau coup très dur pour l'économie de la ville, déjà durement touchée par la fermeture des clubs depuis plusieurs mois.

La vie nocturne de la capitale allemande est une composante essentielle de l'économie de la ville. Les clubs à eux-seuls ont rapporté plus de 1,5 milliard d'euros à la ville en 2018.

Mais la situation épidémique est inquiétante dans la capitale, avec plus de 400 nouveaux cas quotidiens. Berlin est désormais classée "zone à risque".

"Ce n'est pas le moment de faire la fête", a justifié le maire social-démocrate de la capitale, Michael Müller. "Nous pouvons et nous voulons empêcher un autre confinement" plus sévère, avait-il ajouté, s'adressant plus particulièrement aux moins de 40 ans.

Angela Merkel a elle-même plaidé pour cette mesure vendredi après une discussion avec les maires des onze plus grandes villes.

"Je suis tout à fait consciente que les restrictions telles que l'heure de fermeture, les règles strictes pour la vente d'alcool sont contraignantes et que le secteur de la restauration est durement touché", a expliqué la chancelière.

"Mais nous devons bien réaliser ce qui est le plus important pour nous cet automne et cet hiver", a-t-elle ajouté, fixant comme "priorités" le maintien à flot de l'économie et la poursuite des activités scolaires.

"Après trois verres de vin, on respecte un peu moins les gestes barrières", a résumé Dirk Behrendt, chargé de la Justice à Berlin.

Le collectif Bars of Berlin juge lui "désastreuse" cette mesure et planche sur un éventuel recours juridique.

"Ce couvre-feu, inédit dans la capitale depuis 1949, risque selon lui de porter un "coup de grâce aux bars", prévient Roberto Manteufel, un des membres du collectif.

Avec ces horaires imposés, "le monde regarde Berlin. Je ne comprends pas comment le maire peut détruire le plus grand secteur économique de sa ville, c'est incroyable", dénonce auprès de l'AFP Mike Stolz, propriétaire d'un bar berlinois, qui compte lui aussi intenter une action en justice.

- Fëtes illégales -

Berlin comptait en 2018 quelque 9.800 de enseignes de restauration, dont plus de 1.700 bars ou pubs, selon l'institut Statista.

A Francfort aussi, la grogne monte. L'association Initiative Gastronomie Francfort menace ainsi de déposer des recours contre une mesure de fermeture susceptible d'entraîner, selon elle, des rassemblements sauvages dans la rue.

Pour prévenir ce risque, la ville de Berlin a ainsi décidé de restreindre fortement les contacts sociaux.

Désormais, entre 23H00 et 06H00 du matin, les rassemblements en extérieur ne devront pas excéder cinq personnes. En journée, cette jauge reste fixée à 50.

Elle n'a pas empêché, selon la police, "plusieurs milliers" d'opposants au port du masque à participer, sans incident notable, à une marche silencieuse dans le centre de Berlin samedi après-midi.

Ces restrictions sont encore plus fortes pour les rassemblements en intérieur, limités à 10 personnes.

Ces mesures visent principalement les soirées à domicile et fêtes illégales, que les autorités berlinoises considèrent comme propagatrices du nouveau coronavirus.

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