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Dans le camp de Moria débordé par les nouvelles arrivées de migrants

Le champ d'oliviers jouxtant le camp de Moria, sur l'île grecque de Lesbos, s'est rempli de tentes de fortune et de cabanes en bois et carton, avec l'arrivée soudaine de centaines de migrants.

Enaiat Khoshei, 15 ans, vit avec 12 autres personnes dans une tente provisoire à l'extérieur du camp où le sol est boueux.

Le jeune Afghan arrivé il y a deux mois sur l'île de la Mer Egée a vu le champ d'oliviers se remplir très rapidement ces derniers jours.

Jeudi soir, seulement, treize bateaux sont arrivés à Lesbos avec environ 540 personnes à leur bord dont 240 enfants, ont indiqué les autorités et les ONG locales.

le "hotspot" de Moria, centre d'enregistrement et d'identification des réfugiés, est à nouveau surpeuplé, quatre ans après la crise migratoire de 2015 : conçu pour 3.000 personnes, il en accueille désormais presque 11.000 selon l'ONG Médecins sans frontières (MSF).

Les arrivées de bateaux chargés d'exilés, qui se sont accélérées ces dernières semaines, ont pris par surprise les autorités grecques qui n'étaient pas préparées à accueillir autant de réfugiés.

"Le mois de juillet 2019 était le mois comptant le nombre le plus élevé d’arrivées depuis mars 2016 et, depuis lors, nous avons dépassé de beaucoup ce chiffre avec plus de 3.000 arrivées rien qu'au mois d’août", explique Astrid Castelein, chef de la délégation du Haut commissariat aux Réfugiés de l'ONU sur l'île.

"Il est évident que le nombre des arrivées n’est pas aussi élevé qu’en 2015. Cependant, vu que le centre de Moria héberge déjà 10.000 personnes, près de quatre fois la capacité standard évaluée par le UNHCR, et que le nombre des départs de l’île est très bas, la situation requiert des actions urgentes" poursuit Astrid Castelein.

Elle souhaiterait que le gouvernement grec accélère le transfert des personnes les plus vulnérables et notamment des enfants vers des hébergements plus adaptés.

Vendredi, le gouvernement grec a annoncé qu'un millier de personnes du camp de Moria devaient être prochainement transférées dans des camps du Nord de la Grèce.

-"Les enfants dans la boue"-

Le ministre des Affaires étrangères Nikos Dendias a aussi convoqué vendredi l'ambassadeur turc en Grèce pour lui exprimer "son fort mécontentement" et lui rappeler les obligations d'Ankara en vertu de la déclaration UE-Turquie de mars 2016, selon une source diplomatique.

La Turquie s'était alors engagée à agir pour interrompre le flux des réfugiés vers l'Europe.

Mais à Lesbos, pour Enaiat Khoshei, le temps est long et les conditions de survie pénibles. Il déplore surtout le manque d'accès aux soins: "mon père a des problèmes cardiaques et n'arrive pas à être ausculté par un docteur... Je m'inquiète pour lui", soupire l'adolescent.

Seuls deux médecins travaillent dans le camp de Moria.

"Nous voyons des enfants qui sont partout dans la terre et la boue, des cancéreux qui ne sont pas pris en charge, des femmes qui ne peuvent même pas se mettre à l'ombre pour allaiter leur bébé", assure Paraskevas Moschou, le cordinateur de l'agence de la santé publique grecque sur place.

Selon lui, 6.000 personnes sont dans l'attente d'être examinées par les médecins - une obligation pour détecter les personnes les plus vulnérables qui peuvent être transférées sur le continent grec.

"Nous n'avons de place nulle part pour les accueillir et les enregistrer", estime ausi le représentant des employés du centre de Moria, Vassilis Davas.

"La présence policière reste la même que lorsque le camp n'abrite que 4.000 personnes" se plaint-il, tout en déplorant également le manque d'interprètes.

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