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Difficile de choisir les futurs candidats aux plus hautes fonctions européennes: Charles Michel a-t-il une chance?

Alors qu'il aurait dû commencer vers 18h00, le sommet a été repoussé de près de deux heures afin de permettre la poursuite de consultations entre M. Tusk et les dirigeants de plusieurs Etats membres. Signe des tensions qu'apporte ce sommet. Les chefs d'État et de gouvernement doivent tenter de s'accorder pour désigner les prochains présidents de la Commission, du Conseil et de la Banque centrale européenne (BCE), mais aussi le futur haut représentant de l'UE pour les Affaires étrangères.

Le nom de Charles Michel a été cité pour succéder à Donald Tusk, mais ses chances semblent minces. "Il n'est pas le favori mais il ne faut jamais dire jamais non plus. Charles Michel n'est pas candidat pour le poste de président de la Commission européenne mais pour celui de président du Conseil européen. C'est un poste créé en 2001 par Herman Van Rompuy, une sorte de chef des chefs lorsqu'il y a des conseils qui se rassemblent ici à Bruxelles avec les chefs d'Etats et de gouvernements. C'est lui aussi qui représente officiellement l'Union européenne dans le monde. Pourquoi a-t-il peu de chances? Premièrement parce que c'est justement Herman Van Rompuy qui a créé ce poste et y est resté jusqu'en 2014. On voit mal un 2ème Belge hériter de ce poste si vite. Ensuite parce que Charles Michel est un europhile sans borne et que ça peut paraître paradoxal, mais ce n'est pas un avantage vu le nombre de pays eurosceptiques au sein de l'Union. Enfin, le nom du président du Conseil dépendra beaucoup des autres nominations" qui auront lieu ce soir, expliquait Mathieu Col dans le RTLinfo 19h. Le président Roumain semble le mieux parti pour accéder au poste convoité par Charles Michel.


Vers des discussions sans fin

Si le président français, Emmanuel Macron, ou encore le Premier ministre luxembourgeois, Xavier Bettel - tous deux issus de la famille libérale - se montrent optimistes quant à la possibilité de trouver un accord, d'autres l'étaient beaucoup moins. Les dirigeants irlandais, Leo Varadkar, et letton, Krisjanis Karins - qui appartiennent au PPE - ont notamment affirmé ne pas être certains qu'une solution émergera ce dimanche. Les discussions s'annoncent très complexes, a reconnu également la chancelière allemande Angela Merkel. "Cela prendra probablement un certain temps", a-t-elle lancé. "Vu comment se présentent les choses, ce ne seront pas des discussions très faciles, c'est le moins que l'on puisse dire", a-t-elle estimé en arrivant au Conseil européen. La chancelière a en outre réitéré sa volonté d'éviter un conflit institutionnel entre le Conseil et le Parlement quant à la désignation du président de la Commission. Ce dernier devra en effet bénéficier de l'assentiment de 21 des 28 membres du Conseil européen, mais aussi obtenir par la suite une majorité absolue au Parlement européen. Jusqu'à présent, aucun candidat susceptible d'obtenir ces deux majorités n'a émergé. La dirigeante allemande s'est gardée de mentionner les noms de successeurs potentiels au Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, se bornant à constater que les deux principales familles politiques européennes, le PPE, auquel elle appartient, et le S&D soutenaient toujours le système des spitzenkandidaten. Créé en 2014, celui-ci prévoit que les principales familles politiques de l'UE choisissent un candidat pour prendre la tête de la Commission. Le Parlement européen a jusqu'à présent systématiquement refusé de soutenir une personnalité qui ne serait pas issue de ce processus. Avec le retrait évoqué dimanche du candidat du PPE, l'Allemand Manfred Weber, le socialiste néerlandais Frans Timmermans voit augmenter ses chances d'obtenir le poste.


Le Néerlandais Frans Timmermans en pole pour la présidence de la Commission

D'après plusieurs sources diplomatiques, le président du Conseil, Donald Tusk, devrait en effet proposer Frans Timmermans (S&D) pour prendre la tête de la Commission. Dans ce scénario, le PPE, qui reste la plus importante famille politique européenne, obtiendrait les présidences du Conseil et du Parlement. Mais ce compromis pourrait toutefois être bloqué par les libéraux.


Détesté par les 5 pays les moins enclins à accepter d'accueillir des migrants

Autre écueil pour M. Timmermans, l'hostilité affichée de cinq pays à son encontre: les quatre membres du groupe de Visegrad (la Hongrie et la Pologne, contre qui il a lancé des procédures pour violation de l'État de droit, la Slovaquie et la République Tchèque) et l'Italie. "Nous voulons quelqu'un qui comprenne notre région, qui n'ait pas de préjugés ou d'opinions historiquement négatives quand il s'agit par exemple de notre position sur la migration, le climat ou le budget", a entre autres commenté le Premier ministre tchèque Andrej Babis. "M. Timmermans n'est pas un candidat de compromis, mais un candidat qui divise l'Europe. Il ne comprend pas l'Europe centrale qui émerge de l'effondrement post-communiste", a déclaré le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki. La Pologne, à l'instar de la Hongrie, a été visée par une procédure européenne pour violation de l'État de droit lancée à l'initiative de M. Timmermans, en sa qualité de vice-président de la Commission. Le fait que le nom du Néerlandais circule dimanche avec insistance comme potentiel successeur du Luxembourgeois Jean-Claude Juncker hérisse au plus haut point les États de Visegrad, qui l'ont exprimé clairement, à l'exception de la Slovaquie. Pour Budapest, cette candidature est "inacceptable". "Le gouvernement hongrois fera tout son possible pour l'empêcher", a indiqué un porte-parole du Premier ministre hongrois, Viktor Orban. Ce dernier s'est par ailleurs fendu d'une lettre au président du PPE - sa famille politique européenne dont il est actuellement suspendu - pour fustiger un éventuel soutien au socialiste néerlandais. "Ce serait une erreur historique", affirme entre autres M. Orban. À noter que seuls, les États de Visegrad ne disposent pas d'une minorité de blocage leur permettant d'écarter le candidat néerlandais. Même avec l'Italie, dont le ministre de l'Intérieur Matteo Salvini est opposé à M. Timmermans, le seuil de blocage ne serait pas atteint.

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