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Discuter avec Merkel? Un congrès social-démocrate pour trancher

Les sociaux-démocrates allemands doivent décider jeudi de l'opportunité de discuter d'une nouvelle alliance avec la chancelière Angela Merkel, mais à l'heure du choix, en pleine crise politique, les débats s'annoncent mouvementés.

Réunis à Berlin jusqu'à samedi, quelque 600 délégués du Parti social-démocrate (SPD) diront par un vote prévu jeudi après-midi s'ils acceptent d'ouvrir des pourparlers exploratoires avec les conservateurs, toujours en quête d'alliés pour former un gouvernement et sortir l'Allemagne de l'impasse actuelle.

"Ca va se disputer, (jeudi) ça va se bagarrer, ça j'en suis sûr", a confié à l'agence DPA Martin Schulz, le patron du SPD, longtemps partisan d'une rupture avec la chancelière et désormais favorable à des discussions prudentes.

Car depuis les législatives du 24 septembre et encore plus depuis l'échec de Mme Merkel à former une coalition avec les libéraux et les verts, les sociaux-démocrates hésitent entre reconduire l'alliance sortante avec la chancelière, soutenir de l'extérieur un gouvernement conservateur minoritaire ou faire barrage quitte à provoquer un scrutin anticipé.

Les débats de jeudi s'annoncent d'autant plus mouvementés que le plus vieux parti d'Allemagne est plongé dans une crise d'identité depuis son score historiquement bas aux élections.

- 'Prendre nos responsabilités' -

Et nombreux sont ceux qui souhaitent une cure d'opposition, en particulier parmi les jeunes sociaux-démocrates qui refusent une troisième grande coalition sous l'égide de Mme Merkel, après celles de 2005-2009 et 2013-2017.

La direction du parti a elle décidé, sans enthousiasme et au nom de l'intérêt supérieur du pays, de discuter pour voir quelle coopération avec les conservateurs pourrait prendre forme.

Au fond, "personne ne veut vraiment d'une nouvelle +grande coalition+", résume l'un des cadres du parti, Johannes Kahrs. "Mais dans la situation actuelle (...) il s'agit de prendre nos responsabilités, ce qui signifie que nous devons au moins discuter".

En cas de rejet de l'ouverture de pourparlers jeudi par les délégués sociaux-démocrates, la chancelière devra se résoudre soit à former un gouvernement minoritaire soit à la tenue de législatives anticipées sans précédent depuis la fondation après-guerre de la république fédérale.

Or la perspective d'un retour aux urnes inquiète car au regard des sondages, il ne profiterait qu'au parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD). Ce parti anti-migrant, anti-islam et anti-Merkel a fait un score historique de près de 13% en septembre, entraînant un morcellement de la chambre des députés qui rend la quête d'une majorité très difficile.

- 'Gouvernement au printemps' ? -

Si les sociaux-démocrates décident d'entamer des discussions avec l'Union chrétienne-démocrate (CDU) et son allié bavarois CSU, la mise sur pied d'un quatrième gouvernement dirigé par Angela Merkel devrait néanmoins prendre de longs mois.

Pour l'une des figures importantes du SPD, le maire de Hambourg (nord), Olaf Scholz, elle ne devrait pas intervenir "avant le printemps".

D'abord parce que les négociations seraient très longues et d'autre part parce que leur résultat éventuel serait soumis à un vote très incertain des militants sociaux-démocrates.

Actuellement, selon un sondage pour l'hebdomadaire Der Spiegel, 56,5% des militants sociaux-démocrates se prononcent pour un soutien à un gouvernement minoritaire et seulement 27,9% veulent une nouvelle grande coalition.

- Soutien à Macron -

Les sociaux-démocrates ont par ailleurs fixé les thèmes qu'ils jugent essentiels pour participer ou soutenir un gouvernement Merkel, à commencer par une réforme de fond de l'Europe, qui doit devenir "démocratique, solidaire et sociale".

Le SPD soutient activement les positions du président français Emmanuel Macron, qui souhaite la création d'un budget de la zone euro. Les conservateurs se montrent plus dubitatifs.

Le chef de l'Etat français est allé jusqu'à appeler Martin Schulz pour l'encourager à s'allier avec Angela Merkel.

Les sociaux-démocrates demandent aussi une couverture médicale universelle afin de réduire les inégalités dans le pays face à l'assurance-maladie.

Un conflit se dessine aussi sur la politique migratoire, entre les conservateurs soucieux d'enrayer la montée de l'AfD et le SPD disposé à plus de générosité envers les demandeurs d'asile.

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