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Droite européenne : Orban présente des excuses, jugées "insuffisantes"

Le dirigeant hongrois Viktor Orban, menacé d'expulsion ou d'une suspension du Parti populaire européen (droite) après des provocations à l'encontre de Bruxelles, a présenté jeudi ses excuses à ses pairs, mais ce geste a été jugé "insuffisant pour rétablir la confiance".

Le Premier ministre populiste hongrois a adressé, selon son cabinet, "une lettre d'excuses au PPE". Or, dans l'entourage de Manfred Weber, le chef de file de cette formation pour les élections européennes, on affirmait que "la lettre et ces excuses (...) auraient pu aller plus loin".

"Ces gestes ne sont pas suffisants pour rétablir la confiance", a dit cette même source à l'AFP.

"Beaucoup de choses vont dépendre de ce qui se passera dans les prochains jours. Bien d'autres signaux sont nécessaires", a-t-elle ajouté.

A six jours d'une assemblée décisive du PPE à Bruxelles, qui doit décider de son éventuelle expulsion, M. Orban est sous pression.

Autour d'un noyau dur constitué par les pays du Benelux et de la Scandinavie, treize partis membres du Parti populaire européen ont exigé début mars une exclusion ou une suspension de cette formation du Fidesz, le parti de M. Orban, après une virulente campagne ayant notamment visé le chef de l'exécutif européen Jean-Claude Juncker, un membre du PPE.

Candidat du Parti populaire européen à la présidence de la Commission européenne, M. Weber s'était rendu à Budapest mardi pour renouer le contact. Il avait exigé un arrêt définitif de cette campagne ainsi que la présentation d'"excuses".

Dans sa lettre, adressée à chacun des treize partis sceptiques à son égard, M. Orban s'est exécuté concernant l'expression "idiots utiles" qu'il avait employée à l'intention de ses opposants au sein du PPE. "Je voudrais vous présenter mes excuses si vous avez jugé cette déclaration personnellement offensante", a-t-il écrit.

Le gouvernement hongrois a par ailleurs fait savoir la semaine dernière que sa prochaine campagne, à partir du 15 mars, serait destinée à promouvoir la "famille" et ne s'en prendrait plus à Bruxelles contrairement à ce qui était initialement prévu.

Epinglées par le Parlement européen en septembre, les prises de position autoritaires, eurosceptiques et xénophobes du Premier ministre hongrois ont suscité ces dernier mois un embarras croissant au sein du PPE, où il est jugé par certains incompatible avec les valeurs de cette formation.

Dans son courrier, M. Orban écrit également : "Ce n'est pas un secret qu'il y a de sérieuses divergences entre le Fidesz et (les 13 partis particulièrement hostiles, ndlr) en matière d'immigration, de protection de la culture chrétienne et sur l'avenir de l'Europe. Ce n'est pas un secret non plus que nous n'entendons pas modifier notre position dans ces dossiers".

Dans la campagne eurosceptique du gouvernement hongrois, entamée le mois dernier dans la presse, sur internet et par voie d'affichage, M. Juncker était en particulier accusé de "soutenir l'immigration" aux côtés du milliardaire américain d'origine hongroise George Soros.

Au cours d'un point de presse régulier à Bruxelles, le porte-parole de la Commission européenne, Margaritis Schinas, a précisé jeudi que M. Juncker n'avait "pas reçu" la lettre de M. Orban et qu'il restait attaché à l'"idée" selon laquelle les membres du PPE devaient respecter les valeurs de cette formation.

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