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Election en Ukraine : son rival absent, Porochenko discourt seul dans un stade

Pas de débat, mais une tribune : le président ukrainien Petro Porochenko s'est exprimé dimanche devant des milliers de ses partisans dans l'enceinte d'un stade où il avait appelé à débattre son rival dans la course à la présidentielle, le comédien Volodymyr Zelensky.

Une scène avec deux pupitres portant le nom de chacun des candidats avait été installée en prévision du débat dans le centre de presse du stade olympique de Kiev, le plus grand de ce pays aux portes de l'UE, a constaté une journaliste de l'AFP.

A l'extérieur, des milliers de partisans du président sortant scandaient son nom et appelaient M. Zelensky à venir débattre, en vain.

Petro Porochenko, 53 ans, a accusé son adversaire de 41 ans, novice en politique, de vouloir éviter les questions difficiles.

Il a affirmé qu'il respecterait la "volonté du peuple ukrainien" en cas de victoire de Volodymyr Zelensky lors du second tour de l'élection dimanche prochain.

Un porte-parole de l'équipe de M. Zelensky, cité par l'agence Interfax-Ukraine, a de son côté affirmé qu'il n'était pas prévu que le comédien se présente dimanche. Selon lui, le débat aura lieu vendredi dans le même stade.

M. Zelensky, qui incarne un président dans une série télévisée, est crédité de 61% des voix selon un sondage publié jeudi, contre 24% pour son concurrent.

Lors du premier tour fin mars, l'acteur avait remporté plus de 30% des suffrages, contre 16% pour M. Porochenko.

"Je n'aime pas le fait que la campagne présidentielle ressemble à un film muet", a ironisé le chef d'Etat ukrainien, à côté du pupitre vide de M. Zelensky.

"Je dois le dire : l'avenir de l'Ukraine est en danger", a-t-il lancé à la fin de ce discours d'une heure.

Petro Porochenko s'est ensuite exprimé sur une scène où il a entonné une chanson moquant son adversaire. Il s'est ensuite offert, haut-parleur à la main, un bain de foule près des gradins du stade.

Selon la police, au moins 5.000 personnes étaient venues le soutenir, dont certaines étaient en pleurs.

"Si son rival, ce bouffon, ce clown, cet arlequin l'emporte, alors on devra tous se pendre", a lancé à l'AFP un militaire soutenant M. Porochenko.

Depuis le premier tour, la campagne a pris un tour plus agressif, les candidats s'échangeant insultes et provocations, dans un pays en proie à la pire crise depuis son indépendance en 1991.

L'arrivée de pro-occidentaux au pouvoir en 2014 y a été suivie par l'annexion de la péninsule de Crimée par la Russie et par un conflit avec des séparatistes prorusses dans l'est, qui a fait près de 13.000 morts.

Après avoir chacun passé des tests de dépistage de drogue et d'alcool, les deux candidats se sont longuement chamaillés sur l'organisation d'un débat.

Porochenko a notamment accusé son adversaire d'être la "marionnette" de l'oligarque Igor Kolomoïski, propriétaire de la chaîne diffusant les spectacles de Volodymyr Zelensky.

Tandis que M. Porochenko se pose en rempart à la Russie de Vladimir Poutine, M. Zelensky, qui a surtout mené sa campagne sur les réseaux sociaux, fonde sa popularité sur la lassitude de la population face à la lenteur des réformes et de la lutte contre la corruption.

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