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Election présidentielle russe - La fraude électorale en Russie, un phénomène omniprésent

(Belga) Urnes bourrées, votes d'électeurs achetés ou encore encre effaçable, de nombreuses techniques de fraude électorale ont été dénoncées par des observateurs étrangers et des ONG lors des élections organisées en Russie. Malgré les appels à y mettre fin et les manifestations massives contre la fraude électorale organisées en 2011, les autorités semblent avoir de la peine à endiguer le phénomène.

L'ONG Golos, qui recense les fraudes électorales, a dénoncé à maintes reprises lors de précédentes élections des techniques de fraude comme la formation de commissions électorales régionales soumises aux autorités locales, des groupes d'électeurs amenés en bus d'un bureau de vote à l'autre pour voter plusieurs fois et des bourrages d'urnes enregistrés par des caméras vidéo. Une des techniques de fraude les plus répandues est celle dite du 'carrousel', qui consiste à faire voter plusieurs fois dans des bureaux des électeurs transportés en autocar. Plus concrètement, un électeur, en échange de paiement, remplit un document attestant de son incapacité à se rendre dans son bureau de vote habituel. Ce document peut être rempli plusieurs fois. Les électeurs concernés sont ensuite emmenés en bus pour faire le tour des bureaux de vote. Le terme 'carrousel' fait référence au mouvement circulaire effectué par les électeurs, d'un bureau de vote à l'autre. Le bourrage d'urnes est également régulièrement observé durant les élections en Russie. Les urnes comptent parfois déjà des centaines de bulletins de vote à l'ouverture des bureaux. Les fonctionnaires en charge de l'élection procèdent parfois eux-mêmes aux bourrages, mais des électeurs n'hésitent également pas à le faire, selon les images enregistrées par les caméras de surveillance. Un autre outil utilisé est l'encre effaçable: l'encre des stylos proposés aux électeurs pour cocher leur bulletin disparait après quelques minutes et les cases sont ensuite remplies par une autre personne. Pour lutter contre les fraudes électorales, l'ONG Golos propose à nouveau son projet de carte interactive appelé "Carte des fraudes" (https://www.kartanarusheniy.org/). Des observateurs bénévoles déployés à travers le pays pourront recenser les cas de fraudes observés ce dimanche 18 mars. Lors de l'élection présidentielle de 2012, le président russe avait ordonné l'installation de web-caméras de surveillance dans tous les locaux de vote, dont les vidéos pouvaient être visionnées en ligne. "Mais ce processus n'est réglementé par aucune loi", regrette Golos. De son côté l'OSCE, en mission d'observation des élections russes depuis 1996, avait déjà fait part de ses doutes lors de l'introduction des caméras pour le scrutin présidentiel en 2012: "il y a des choses qu'une web-caméra ne peut pas filmer, notamment le processus de décompte des bulletins de vote, l'enregistrement des résultats, les conditions de leur stockage ou encore qui a accès à ces données." Le système de surveillance avait été appliqué à la suite de la vague de manifestations sans précédent qui avait déferlé sur la Russie après les élections législatives de 2011, durant lesquelles d'innombrables cas de fraude électorale ont été révélés par des ONG et des observateurs. Une mission d'observation de l'OSCE a, par ailleurs, débuté le 5 février dernier en Russie. Elle a, dans un premier temps, pour but de contrôler l'environnement et les préparatifs pré-électoraux liés aux élections présidentielles de mars. En ce jour d'élection, des observateurs supplémentaires sont déployés dans tout le pays dans des équipes multinationales de deux pour surveiller l'ouverture des bureaux de vote, le vote, le dépouillement des bulletins de vote et la tabulation des résultats. Ils travailleront aux côtés de représentants de la Communauté des Etats indépendants (CEI) et de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC). (Belga)

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