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En Grande-Bretagne, panne sèche pour des services plombés par le Brexit

Le puissant secteur des services a subi un sévère coup d'arrêt en mars au Royaume-Uni à cause des incertitudes du Brexit, ce qui augure d'une croissance en panne au moment où la Première ministre tente de sortir de l'impasse.

C'est la première fois que l'activité dans ce secteur au Royaume-Uni se contracte depuis juillet 2016, soit juste après le référendum pour le Brexit, a annoncé mercredi le cabinet Markit.

Il justifie cette contre-performance par la propension des entreprises à repousser leurs décisions d'investissement faute d'y voir clair sur le processus du Brexit et ses conséquences économiques.

D'après le cabinet, ce flou sur la sortie du Royaume-Uni de l'UE se ressent aussi sur les ménages, qui limitent leurs dépenses.

"Le carnet de commandes du secteur des services se contracte depuis le début de l'année à son rythme le plus rapide depuis le pic de la crise financière de 2009", s'inquiète Chris Williamson, économiste chez IHS Markit.

Le secteur des services, qui regroupe notamment la finance, le commerce ou encore les transports, est la locomotive de l'économie britannique, aussi tout affaiblissement fait-il craindre une panne de la croissance.

- Union nationale ? -

Conséquence, il est probable que l'activité dans son ensemble ait stagné au premier trimestre, après une progression du produit intérieur brut (PIB) de seulement 0,2% au dernier trimestre de 2018, d'après IHS Markit, même si certains économistes préviennent que l'indice PMI a tendance à noircir le tableau comparé aux chiffres officiels.

M. Williamson pointe même le risque d'"un recul au deuxième trimestre, à moins que la demande ne connaisse un sursaut, ce qui est hautement improbable compte tenu du renforcement récent des incertitudes liées au Brexit".

Ce constat est partagé par les chambres de commerce qui estiment que l'économie est à l'arrêt et que les entreprises ont le pied sur le frein, après avoir réalisé une enquête auprès de 7.000 sociétés employant un million de personnes.

Car accord ou pas accord sur le Brexit, les dégâts du Brexit sont déjà visibles.

Dans une étude publiée cette semaine, la banque Goldman Sachs a estimé que le PIB était aujourd'hui amputé de 2,4% comparé à qu'il aurait été sans le Brexit.

Les économistes estiment en outre que même en cas de Brexit doux, la croissance devrait continuer à ralentir cette année. Une moyenne de prévisions indépendantes compilées par le Trésor britannique prévoit une hausse du PIB de 1,3% pour cette année, après 1,4% en 2018.

Le brouillard autour des conditions de sortie de l'UE n'a fait que s'épaissir ces dernières semaines, en raison du rejet par le Parlement britannique de l'accord de Brexit négocié par la Première ministre Theresa May avec les autres dirigeants de l'UE.

Cette impasse politique, dont la dirigeante conservatrice cherche à s'extraire en tendant la main à l'opposition travailliste, exaspère les milieux d'affaires, qui redoutent une périlleuse sortie sans accord à l'approche de la nouvelle date théorique du Brexit, le 12 avril prochain.

"La Première ministre a ouvert la porte à un compromis dont nous avons désespérément besoin", a déclaré sur son compte twitter la directrice générale de l'organisation patronale CIB. "Il s'agit d'une urgence nationale dont la seule réponse est l'union nationale", a complété Carolyn Fairbairn.

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