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Catastrophe de Gênes: voici les explications d'un architecte belge sur cet effondrement

A Gênes, une enquête va devoir déterminer les responsabilités des uns et des autres dans ce dossier. Comprendre pourquoi ce pont s'est effondré, était-ce un problème de conception, d'entretien ou d'usure ? Un architecte belge nous aide à y voir un peu plus clair.

Voici le Pont Morandi tel qu’il était autrefois, la fierté des Génois:

Un chef d’œuvre architectural construit dans les années 60. Aujourd’hui, un symbole brisé. Une enquête est en cours pour comprendre les raisons de cet effondrement tragique. "Une hypothèse est que l’écroulement a débuté avec la cassure d’un hauban, mais nous avons besoin de données supplémentaires pour en être certain", indique Enrico Sterpi issu de l'association des architectes de Gênes.

Cette première hypothèse, nous la soumettons Géry Leloutre, architecte urbaniste et chercheur à l’ULB. Son dessin illustre ce cas de figure:

"Ceci est l’élément porteur principal (photo ci-dessus). Il suffit qu’un hauban se rompe pour qu’il y ait un affaissement de la structure. C’est l’ensemble du système qui s’effondre en quelques secondes comme un château de cartes."

L’effondrement très rapide du pont est peut-être dû à sa particularité architecturale. Le bas est conçu sur base de la technique dite du porte-à-faux; le haut, utilise lui une autre technique, celle des haubans.

Le pont Morandi mixe ces deux systèmes.

"Ce sont des ponts qui, effectivement, sont structurellement très intéressants et très héroïques, beaux. Mais ils possèdent une robustesse assez faible. Si vous coupez un élément, les conséquences sont catastrophiques. Aujourd’hui et ce depuis une vingtaine d’années, il n’est plus imaginable de proposer une telle structure. Elle doit être robuste et résister à la rupture d’éléments principaux sans s’écrouler", ajoute Géry Leloutre.

Les effritements sont inévitables

Un élément qui revient sans cesse et qui s’ajoute à cette hypothèse, c’est l’effritement du béton. La proximité de la mer et le trafic routier, dix fois supérieur à celui prévu lors de sa construction, sont des facteurs qui ont peut-être accélérés cette érosion que tous les ponts connaissent. Pour autant, des effondrements de cette ampleur sont extrêmement rares. "L’usure du pont par l’effritement du béton, c’est un souci tout à fait classique, gérable. Il ne faut s’inquiéter de voir des parties inférieures de ponts se dégarnir. C’est normal dans le sens où cela arrive. Ça ne porte pas préjudice à la structure tant que c’est sous-contrôle."

Si l’effondrement devait être la conséquence d’un manque d’entretien, les décisions politiques seraient immanquablement pointées du doigt. Depuis  le début de la crise, il y a 10 ans, les premières économies gouvernementales ont été réalisées sur la maintenance de ce type d’ouvrages.

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