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Grèce: Tsipras mis en cause pour sa porte ouverte aux migrants

L'ex-Premier ministre grec Alexis Tsipras a été accusé par son rival de droite, Vangélis Meïmarakis, d'avoir grand ouvert les portes aux réfugiés et migrants, un casse-tête auquel devra s'attaquer le prochain gouvernement issu des législatives de dimanche.

"Votre gouvernement a amené tous les migrants", a lancé M. Meïmarakis, lors d'un débat télévisé lundi soir. Il a imputé à l'ex-Premier ministre de gauche radicale d'avoir réduit à néant les efforts du précédent gouvernement socialo-conservateur pour maîtriser les passages.

Le gouvernement Syriza "a envoyé le message que tout allait bien, que c'était l'été, et ils sont venus", a insisté le leader conservateur, qui talonne M. Tsipras dans les derniers sondages.

"Vous voulez dire que c'est quand Syriza est arrivé au pouvoir que quatre millions de Syriens ont décidé de venir en Europe?" a ironisé M. Tsipras, défendant son bilan face à à un exode qu'il a qualifié de "phénomène mondial".

Le gouvernement grec de gauche radicale a de fait ces derniers mois opté pour une politique d'ouverture, mettant fin à la rétention des demandeurs d'asile et sans-papiers et laissant passer vers les pays voisins les dizaines de milliers d'exilés en transit vers l'Europe occidentale.

Mais M. Tsipras s'est targué d'avoir, avec le chef de gouvernement italien Matteo Renzi, forcé ainsi l'UE à ouvrir les yeux sur l'ampleur du problème.

Au même moment, les 28 échouaient à Bruxelles à s'entendre pour partager avec les pays d'arrivée, Grèce, Italie et Hongrie, la prise en charge de 120.000 réfugiés.

- 16.000 kms de côtes à surveiller -

"Nous voulons renforcer la surveillance en mer, mais il faut faire face avec humanité à la crise des réfugiés", a affirmé M. Tsipras. Dans tous les cas, la garde-côte grecque n'est pas en mesure, sans renfort européen, de veiller sur "16.000 kms de côtes", a-t-il relevé.

Il a aussi mis en avant qu'une action militaire contre les trafiquants, comme celle décidée par l'UE au large de l'Italie, ne fonctionnerait pas en mer Egée, où les "bateaux arrivent sans passeurs".

Mais aucun des duellistes n'a précisé ce qu'il ferait en cas de renvoi vers la Grèce des déplacés ayant pris la route des Balkans au départ de la frontière gréco-macédonienne, désormais empêchés de gagner librement l'eldorado allemand, notamment par la fermeture de la frontière serbo-hongroise.

La question migratoire n'a occupé que quelques minutes des trois heures du débat. L'afflux de plus de 230.000 migrants dans le pays depuis janvier est d'une ampleur inédite, "mais il n'affecte pas l'ensemble de la société grecque" hors des îles d'Egée orientale débordées par l'exode cet été, et "certains quartiers d'Athènes" où les arrivants improvisent des campements avant de reprendre la route, analyse Manolis Alexakis, professeur de sociologie politique à l'Université de Crète.

"Je ne sais même pas dans quelle mesure cela peut profiter à Aube Dorée", le parti néonazi crédité par les sondages de se maintenir avec 6% des voix à la troisième place où l'a propulsé la crise économique, commentait pour l'AFP Paschos Mandravelis, éditorialiste du quotidien libéral Kathimerini.

Le gouvernement d'intérim grec a agi pour soulager les îles, en acheminant les exilés vers le continent, mais sans prendre de mesure limitative.

Aucun calendrier n'était non plus avancé pour l'ouverture au Pirée du centre de tri, dit "hot spot", qu'Athènes s'est engagé auprès de l'UE à ouvrir pour distinguer ceux relevant du droit d'asile et les migrants économiques.

Les arrivées continuent pourtant à se chiffrer à quelque 2.000 par jour, selon le ministère à la politique migratoire.

"Quelque 60% de Syriens et environ 25% d'Afghans", relève Anna Triantaphyllou, experte en questions migratoires qui enseigne à l'université européenne de Florence.

Un accord européen sur la relocalisation des demandeurs d'asile soulagerait la Grèce de la prise en charge de nombre de Syriens, Erythréens et Irakiens.

Mais le pays restera chargé de traiter les autres cas, veiller à l'expulsion des indésirables et ne pas livrer ces populations à la rue. Un défi à relever avec des caisses publiques vides, même si l'UE a promis de contribuer à hauteur de 474 millions d'euros d'ici 2020.

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