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Grèce : le nouveau gouvernement au travail pour booster une économie fragile

Le nouveau gouvernement conservateur a pris ses fonctions mardi en Grèce, déterminé à immédiatement agir pour relever la fragile économie du pays, sous la surveillance étroite de l'UE, et conscient qu'il n'aurait pas de "période de grâce".

Au cours d'une cérémonie protocolaire, ponctuée de chants religieux, les 51 membres de ce gouvernement pléthorique ont prêté serment sur la bible au surlendemain de la victoire sans appel remportée aux législatives par la Nouvelle Démocratie sur la gauche radicale d'Alexis Tsipras.

Le nouveau Premier ministre Kyriakos Mitsotakis, qui avait lui-même prêté serment lundi, hérite de deux tristes records au sein de la zone euro : ceux du chômage (19,2%) et de la dette (180% du PIB).

"Nous ne demandons pas de période de grâce, nous demandons à être jugés sévèrement en fonction des résultats de notre politique", a déclaré au cours de la passation de pouvoir le nouveau ministre du Développement Adonis Georgiadis.

Héritant du portefeuille délicat des Finances, Christos Staïkouras a pour sa part souligné que son objectif était de "booster la croissance, d'attirer des investissements tout en allégeant l'imposition fiscale des ménages et des entreprises".

"Il y a des questions qui restent ouvertes... Mais nous allons travailler dur pour réduire les incertitudes, attirer les investisseurs, créer des emplois", a assuré cet économiste de 45 ans.

La réduction des impôts a été l'une des principales promesses de campagne de Kyriakos Mitsotakis.

Le nouveau Premier ministre, qui avait aussi annoncé vouloir renégocier avec Bruxelles les objectifs d'excédents budgétaires de 3,5% du PIB jusqu'en 2022, s'est trouvé d'emblée confronté à ses partenaires européens.

Au lendemain de sa victoire, le chef de la zone euro Mario Centeno a appelé le nouveau gouvernement à respecter "les engagements" sur la dette de la Grèce pris par son prédécesseur vis-à-vis des créanciers.

"Les engagements sont les engagements. Si nous les brisons, la crédibilité sera la première chose à s'effondrer, entraînant un manque de confiance, d'investissements et, au bout du compte, de croissance", a ajouté le président de l'Eurogroupe.

La Grèce est officiellement sortie en août dernier des programmes d'aide de ses créanciers mais reste sous surveillance "renforcée".

Ce pays doit réaliser des excédents primaires budgétaires d'au moins 3,5% pour les prochaines années afin de garantir le remboursement de ses emprunts.

- Mitsotakis invité par Merkel

Perçu comme un réformateur, proche des milieux d'affaires, Kyriakos Mitsotakis se dit "convaincu qu'en matière de croissance, la Grèce sera l'agréable surprise de la zone euro dans les années à venir", dans un entretien avec l'hebdomadaire français L'Obs.

Annonçant que "le parlement travaillerait tout l'été", il a promis de "rendre la Grèce accueillante aux investisseurs", d'"encourager les talents dans l'économie numérique et d'informatiser l'État grec".

Dans les rues d’Athènes, la reprise économique est inégale, les bâtiments dégradés côtoient des bars à la mode. Dans son entreprise de produits bio à Chalandri, une banlieue bourgeoise du nord de la capitale, Julie Sakarisianou défend la décision du précédent gouvernement de réduire la TVA sur les produits de base de 24% à 13%. "J'aimerais que la TVA reste à 13%, pour que nous ayons du travail", a-t-elle déclaré à l'AFP.

"En donnant la priorité aux réformes et aux investissements, le programme clair et le pragmatisme de Nouvelle Démocratie rajeuniront l'économie grecque, faciliteront la création d'emplois et apporteront la prospérité", a de son côté estimé le président du Parti populaire européen (PPE, droite), Joseph Daul.

Le nouveau Premier ministre s'est entretenu au téléphone avec plusieurs dirigeants européens qui, selon son entourage, l'ont félicité de sa "grande victoire", notamment la chancelière allemande Angela Merkel qui l'a invité à Berlin pour fin août.

Comme de tradition en Grèce, son premier voyage à l'étranger aura lieu à Chypre fin juillet.

De nombreux anciens ministres du gouvernement de droite d'Antonis Samaras (2012-2015) mais aussi 21 technocrates et deux transfuges de l'ex-parti socialiste font partie de la nouvelle équipe gouvernementale.

Lui-même héritier d'une grande dynastie politique grecque, Kyriakos Mitsotakis, fils de Premier ministre, a respecté sa promesse de ne nommer aucun membre de sa famille. Il a toutefois confié le portefeuille de l'Infrastructure et des Transports à Kostas Karamanlis, descendant d'une autre grande famille grecque de droite.

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