Accueil Actu

Grèce: vers un remaniement du gouvernement Samaras

Le compte à rebours en Grèce pour un remaniement du gouvernement du Premier ministre conservateur Antonis Samaras a commencé samedi, après le départ du petit parti de gauche Dimar de la coalition en raison de son désaccord sur la fermeture de la télévision publique.

M. Samaras s'est engagé à maintenir le cap des réformes de la dette après le retrait du Dimar et de ses quatre ministres, qui réduit la majorité parlementaire de la coalition à seulement trois députés.

La perspective d'élections législatives anticipées s'est cependant dissipée après que les partenaires socialistes de la coalition ont déclaré qu'ils continueraient à soutenir le gouvernement en difficulté.

"Personne ne veut d'élections en ce moment (...) nous irons au bout de notre mandat" de quatre ans, avait déclaré M. Samaras dans un discours télévisé jeudi soir.

Un peu plus d'un an après leur arrivée au pouvoir, les conservateurs vont maintenant rester en coalition avec les socialistes d'Evangelos Venizelos, l'ancien ministre des Finances, qui avait renégocié la dette grecque en 2012.

"Nous croyons que le gouvernement sera plus solide maintenant", a affirmé un responsable gouvernemental, estimant que la gauche modérée avait souvent "soulevé des questions" qui compliquaient le travail législatif.

Un remaniement qui amènerait plusieurs socialistes dans le gouvernement -y compris M. Venizelos lui-même, selon les médias- est attendu d'ici mardi.

"Le remaniement est une question de jours, voire de quelques heures", écrivait samedi le quotidien Ethnos, ajoutant que la mission du gouvernement remanié "sera tout sauf facile".

Mais selon une source gouvernementale, un remaniement ce week-end est "peu probable".

Athènes doit prendre un certain nombre de mesures impopulaires, notamment des licenciements massifs dans les services publics, des ventes d'actifs publics et, éventuellement, de nouveaux impôts l'an prochain.

Les observateurs politiques notent que M. Samaras a tiré quelques dures leçons la semaine dernière après avoir tenté de forcer la main à ses alliés, qui sont confrontés à la pression au sein de leurs propres partis sur les réformes d'austérité nécessaires pour maintenir l'accès aux plans de sauvetage UE-FMI.

En mai, les conservateurs ont fait marche arrière sur un projet de loi antiraciste que les socialistes et la gauche modérée avaient fermement soutenu, provoquant une rupture profonde dans le gouvernement.

Le Premier ministre, qui a une position plus dure sur l'immigration clandestine que ses partenaires de la coalition, a également voulu durcir les conditions de naturalisation des migrants, contre la volonté de ses alliés.

Le détonateur de la crise gouvernementale a été la décision de M. Samaras de fermer la radio-télévision publique ERT le 11 juin, en dépit des avertissements des socialistes du Pasok et de la Gauche démocratique qu'ils ne soutiendraient pas une telle mesure.

"Samaras doit abandonner tout volonté de gouverner unilatéralement", soulignait samedi le quotidien à gros tirage Ta Néa.

"Toute répétition de la gestion de l'affaire ERT aurait des conséquences désastreuses", avertissait ce quotidien de centre gauche.

Les personnels de l'ERT occupent le siège de la société à Athènes et ses locaux à Thessalonique depuis près de deux semaines pour protester contre la fermeture, qui a coûté près de 2.700 emplois.

Le gouvernement leur a demandé de quitter les lieux, mais le syndicat de l'ERT refuse de bouger.

"Les bureaux de la compagnie doivent être libérés", déclare une source gouvernementale, "pour avoir accès au service de la paie et pouvoir dédommager les salariés".

Le Conseil d'Etat, saisi par le syndicat des employés de l'ERT, a ordonné "un sursis" à la fermeture de la radio-télévision publique et demande une solution provisoire de relance des antennes.

Mais M. Samaras refuse de rétablir l'ERT telle qu'elle existait jusque là, affirmant que l'organisme coûtait trop cher. Il propose d'indemniser les salariés et de créer une nouvelle radio-télévision publique avec un personnel réduit.

"Nous allons continuer à faire preuve de retenue, nous n'avons pas l'intention de faire monter la tension" en envoyant la police évacuer les locaux occupés, "car il y a beaucoup d'autres solutions (...) c'est l'ère de l'électronique", a souligné la source gouvernementale.

À la une

Sélectionné pour vous