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Grogne sociale chez Ryanair: les pilotes en grève dans cinq pays européens

Le numéro 2 du transport aérien en Europe Ryanair fait face vendredi à un nouveau conflit social d'ampleur, avec une première grève de pilotes simultanée dans cinq pays pour dénoncer la politique d'emploi de la compagnie.

Le débrayage, en pleine période de congés estivaux, concerne l'Allemagne, la Belgique, la Suède, l'Irlande et les Pays-Bas. Plus de 55.000 passagers sont concernés par quelque 400 annulations de vol, dont 42.000 pour l'Allemagne.

Ryanair a précisé que 85% de leurs vols seront assurés, soit "plus de 2.000 (...) transportant près de 400.000 passagers". La compagnie a assuré que "la majorité des clients" lésés ont pu être mis sur d'autres vols.

- Dumping social -

La compagnie, qui revendique 130 millions de clients annuels et dénonce une grève "inutile", a vu ces derniers mois le malaise social s'étendre à ses principales catégories de personnel en Europe.

D'une manière générale, les syndicats reprochent à la compagnie sa politique d'emploi, le recours à des contrats précaires et au dumping social. L'entreprise rejette ces accusations, affirmant mieux payer ses pilotes que ses concurrents.

"Nous ne voulons pas porter atteinte à la compagnie mais nous avons besoin d'un changement d'approche à Dublin" le siège de Ryanair, a souligné à la télévision n-tv Ingolf Schumacher, un dirigeant du syndicat allemand Vereinigung Cockpit (VC).

Car Ryanair impose quand il le peut, selon les syndicalistes, des contrats de travail irlandais plus flexibles aux personnels navigants, même s'ils vivent ailleurs en Europe. Pour se justifier, la compagnie relève que la majeure partie du travail se fait à bord d'avions immatriculés en Irlande.

Le transporteur, qui a connu une croissance considérable avec un bénéfice en 2018 prévu à plus de 1,25 milliard d'euros, se vante d'ailleurs d'avoir des "coûts bien moins élevés par passager que ses concurrents".

"Ryanair vend des billets à 39 euros et fait en même temps un bénéfice (...) c'est clairement les employés qui en payent le prix", juge un autre représentant de VC, Janis Schmitt.

Des passagers lésés se sont d'ailleurs montrées compréhensifs, comme Stéphane Levens, une indépendante interrogée à la télévision belge et qui doit patienter trois jours en Italie pour un vol: "C'est un système économique auquel (les consommateurs) participe(nt) et j'avoue que je peux comprendre leur situation et leurs revendications".

Les syndicats demandent donc des hausses de salaire, l'intégration des intérimaires ou encore des contrats de travail du pays de résidence des pilotes. Mais selon eux, Ryanair a exclu toute augmentation des dépenses.

La compagnie assure qu'en Allemagne en tout cas, elle a fait des concessions, promettant qu'à Noël tous les pilotes seront intégrés et que tous ont déjà été augmentés de 20% en début d'année.

Autre front qui pourrait s'ouvrir pour le transporteur aérien, la question du dédommagement. Une association belge de consommateurs, Test Achats, a prévu fin août une action en justice face au refus de l'entreprise d’indemniser les voyageurs.

"La compagnie invoque des circonstances exceptionnelles alors que la Cour de justice de l'UE a clairement jugé qu'une grève interne à la compagnie ne constituait pas un motif pour ne pas indemniser les passagers", a indiqué Test Achats dans un communiqué.

La grogne chez Ryanair avaient déjà conduit à un premier mouvement européen, fin juillet, lorsque les personnels de cabine en Espagne, Italie, Portugal et Belgique avaient fait grève. Quelque 600 vols furent annulés touchant 100.000 passagers.

- Standards sociaux européens -

Toutes ces tensions sociales ont éclaté au grand jour en septembre 2017 lorsqu'un grave problème de planning des pilotes a conduit à des annulations portant sur 20.000 vols. Cette crise a forcé Ryanair à reconnaître des syndicats, ce que la compagnie avait toujours refusé.

Souvent, le dialogue échoue, comme en Irlande où la compagnie a annoncé la semaine dernière le transfert à venir d'avions de Dublin vers la Pologne. Trois cent emplois sont en jeu.

Les grévistes ont reçu le soutien de la Confédération européenne des syndicats (CES) qui regroupe 90 organisations nationales et dix fédérations européenne.

Peter Scherrer, son secrétaire général, a souhaité jeudi une multiplication des débrayages transnationaux pour aboutir "à ce que nous voulons au niveau européen: des négociations sur les conditions de travail, des standards minimums".

burs/alf/dac/nas

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