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Hand: Montpellier, du scandale à la gloire retrouvée

Ancien maître absolu du handball français, Montpellier a dû se réinventer pour surmonter l'affaire des paris qui l'a poussé au bord du gouffre en 2012, et reconquérir la gloire après six ans de travail, dimanche à Cologne, en finale de la Ligue des champions.

"Quand on traverse une tempête, on baisse les voiles, on ralentit la vitesse et on prend de la sécurité pour gouverner. On est sorti de cette tempête pour remettre les voiles et avancer à un rythme plus rapide", explique l'entraîneur Patrice Canayer.

Apurement de la dette, entrée de nouveaux actionnaires au capital, nouvelle stratégie sportive: Montpellier a amorcé peu à peu son redressement autour de sa figure emblématique, aux commandes en tant qu'entraîneur et manager, et aussi en tant qu'interface avec le milieu politique et économique.

Jusqu'en septembre 2012, Montpellier avait régné sans partage. Il avait fait main basse sur le Championnat, ne laissant échapper que deux titres (Chambéry 2001, Ivry 2007) en quinze saisons. En 2003, il avait donné à la France son premier sacre européen, le seul jusqu'à celui de dimanche.

- 17 investisseurs privés -

Tout a été ébranlé en septembre 2012. Alors que le MHB lançait sa quête d'un quinzième titre, l'affaire des paris, portant sur un match contre Cesson-Rennes joué quatre mois avant, éclatait au grand jour. Après une longue procédure, huit joueurs allaient être condamnés pour avoir truqué la rencontre, parmi lesquels les frères Nikola et Luka Karabatic. Ils allaient quitter le club, déjà en difficulté financière en raison d'une gestion défaillante.

Pour effacer la dette et digérer le départ de son sponsor, Montpellier s'appuie sur l'apport d'actionnaires conduits par le patron de la Chambre de commerce et d'industrie, André Deljarry. "La renaissance du club se fait au moment où Philippe Saurel (maire de Montpellier ndlr) valide l'idée de l'actionnariat à fonds privés, avec l'ouverture du capital à 17 actionnaires. C'est un nouveau modèle autour duquel on pouvait à nouveau construire", explique Patrice Canayer, qui avait noué une relation de confiance avec l'ancien maire Georges Frêche, décédé en octobre 2010.

Si Montpellier a toujours préservé un certain rang en Europe et n'a jamais dégringolé en-deçà de la quatrième place du Championnat, il a dû céder la suprématie nationale au Paris SG, soutenu depuis 2012 par l'argent du Qatar (17,7 M EUR de budget cette année, contre 7,5 M EUR pour Montpellier). Certains de ses meilleurs joueurs, comme le gardien Thierry Omeyer et William Accambray, gagnent la capitale où ils retrouvent les Karabatic. Le MHB doit renoncer aux recrues prestigieuses.

- Changement de stratégie -

"L'équipe s'est adossée à une réalité économique avec un profil de joueurs particuliers. Cette stratégie est possible en Championnat, mais elle est plus osée en Ligue des champions. Elle a réussi car les joueurs ont franchi le cap pour passer du niveau de bon joueur à l'échelon international", explique Canayer.

Montpellier a recruté des éléments en devenir comme le gardien Vincent Gérard, l'arrière Valentin Porte ou plus récemment Melvyn Richardson, dont le père Jackson était dans l'équipe d'en-face, les Espagnols de Pampelune, lors de la finale de 2003. Il s'appuie sur une nouvelle pépite issue du centre de formation, Ludovic Fabregas. Son départ pour Barcelone est l'un des défis les plus compliqués à relever pour la saison prochaine.

Grâce à la maturité de ces joueurs champions du monde avec la France en 2017 (Valentin Porte, Vincent Gérard), à la présence de vieux cadres (Michaël Guigou, le seul déjà là en 2003, ou le Slovène Vid Kavticnik) et le savoir-faire de l'expérimenté Canayer, aux manettes depuis 23 ans, Montpellier s'apprêtait il y a huit jours à conquérir son quinzième titre de champion de France et à profiter de son Final Four.

Après une semaine folle, la perte d'un match décisif de Championnat à Saint-Raphaël mardi, l'exploit contre le champion d'Europe sortant, le Vardar Skopje, samedi au Final Four et la finale de dimanche contre Nantes, le trophée, de national, est devenu européen. Une transmutation dont même les Montpelliérains n'osaient pas rêver.

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