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Hashim Thaçi: le tracé des frontières "au menu des discussions" Kosovo-Serbie

La délicate question du tracé des frontières entre Serbie et Kosovo figure au menu des discussions "difficiles" entre les deux pays, a confirmé à l'AFP le président kosovar Hashim Thaçi, après avoir rencontré jeudi son homologue serbe à Bruxelles pour tenter de relancer la normalisations des relations entre Belgrade et Pristina.

"Cette réunion (jeudi ndlr) fut difficile mais importante. Chacune des réunions où nous parlons de paix représente un progrès, un point positif", a-t-il déclaré vendredi soir dans un entretien à l'AFP, en marge de sa visite à Paris à l'occasion de la commémoration du centenaire de la Première Guerre mondiale.

"Au menu de nos discussions figurent les personnes disparues, les déplacés, l'église orthodoxe serbe, les questions d'éducation, de propriété, de développement économique mais aussi la démarcation des 400 kilomètres de frontière entre le Kosovo et la Serbie", a-t-il expliqué.

"Nous allons travailler ensemble pour définir les frontières, mais elles ne reposeront pas sur des lignes ethniques", a-t-il assuré. "Le Kosovo restera multiethnique, la Serbie aussi, il n'y aura pas de déplacement de populations."

Cet été, Hashim Thaçi et le président serbe Aleksandar Vucic avaient, sans entrer dans les détails, évoqué la possibilité de modifier les frontières pour normaliser leurs relations, vingt ans après le conflit entre forces serbes et guérilla indépendantiste kosovare.

Selon des médias, une région du nord du Kosovo peuplée majoritairement de Serbes serait échangée contre une région du sud de la Serbie peuplée majoritairement d'Albanais.

Cette hypothèse a suscité des inquiétudes, à la fois en interne et chez certains Occidentaux. L'Allemagne et la Grande-Bretagne y sont hostiles, arguant d'un risque de déstabilisation pour toute la région.

- Appel à Macron -

"Ce processus (de normalisation) est très difficile et a très peu de chance de succès, mais du moment que nous poursuivons les discussions, nous sommes sur la bonne voie", a fait valoir M. Thaçi au lendemain de sa rencontre avec M. Vucic et la Haute représentante de l'Union européenne pour les Affaires étrangères Federica Mogherini. Le dialogue de normalisation engagé en 2011 sous l'égide de l'UE était au point mort depuis des mois.

La Serbie -- de même que la Russie et la Chine --, refuse de reconnaître l'indépendance de son ancienne province albanaise, déclarée en 2008 et reconnue par plus de 110 pays dont les Etats-Unis, et les trois quarts des pays de l'Union européenne.

Interrogé sur sa volonté de doter le Kosovo d'une armée, au grand dam des Serbes qui y voient une ligne rouge, M. Thaçi a assuré que "les forces armées du Kosovo seront bien créées. C'est décidé". "Nous sommes un pays souverain, et personne en Serbie ne peut mettre un veto sur ce projet."

M. Thaçi compte profiter de sa visite à Paris pour demander au président français Emmanuel Macron de soutenir le processus de négociations en cours entre Belgrade et Pristina.

"Je vais encourager le président Macron à jouer un rôle actif dans les Balkans de l'Ouest et de soutenir la recherche d'un accord entre le Kosovo et la Serbie", a-t-il souligné.

Sur le dossier de l'exemption de visas pour les ressortissants du Kosovo, réclamé par Pristina, M. Thaçi a regretté entendre "des voix hésitantes" au sein de l'UE, bien que le Parlement européen s'y soit déclaré favorable en septembre.

"Le Kosovo remplit tous les critères démocratiques exigés par l'Union européenne. Maintenant, une décision politique doit être prise. Je sais que les dirigeants européens sont en campagne pré-électorale (en vue des élections européennes de 2019, ndr) mais personne n'a à avoir peur des citoyens kosovars".

"J'appelle tous les Etats membres à prendre la bonne décision et ne pas laisser injustement isolées deux millions de personnes", a souligné le président du Kosovo, dont les habitants sont les seuls ressortissants des Balkans qui doivent encore obtenir un visa pour entrer dans l'UE.

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