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Il n’y a jamais eu aussi PEU d’arrivées de migrants par la mer: alors pourquoi l’Europe ne cesse de durcir son discours?

Trois ans après le début de cette crise des migrants, les candidats réfugiés sont moins nombreux à débarquer en Europe, mais l'inquiétude des différents pays européens est toujours bien présente. Pourquoi? Et que faut-il penser des "solutions" qui ont déjà été mises en place? Sébastien Rosenfeld et Philippe Godin ont rencontré plusieurs acteurs du terrain pour le RTL Info 13H.

Marie est une avocate engagée. Elle défend les dossiers des réfugiés et croise aujourd’hui au parc Maximilien de nouveaux venus. Certains sont passés par le camp de Moria sur l’île de Lesbos où elle est restée trois mois. Marie a écrit un livre sur son expérience. Elle constate que le tri est une illusion.

"Moi, j’ai vu un homme qui avait été tellement affreusement torturé, brûlé avec de l’huile bouillante, tellement frappé qu’il avait le torse couvert de cloques et que le médecin en 20 minutes en ayant pas le temps de creuser l’histoire a cru qu’il avait une maladie de la peau et donc a coché non vulnérable. Alors qu’en fait c’étaient des stigmates de torture", rapporte Marie Doutrepont, avocate et auteur de "Chroniques des limbes de l’Europe".


Les chiffres sont là et pourtant les discours simplistes gagnent du terrain

Actuellement, le plus grand centre d’arrivée sur l’île compte 7500 personnes pour 2.500 places, des réfugiés qui restent quelque fois bloqués pendant deux ans. Marie comprend les inquiétudes mais regrette l’instrumentalisation politique qui est faite: "Ce qui me choque, c’est qu’on utilise cette peur à des fins populistes et démagogiques et que c’est tellement facile. Et puis c’est vraiment difficile de remettre de la nuance dans un discours qui est tellement simple: c’est blanc ou c’est noir, on est bon ou on est méchant", déplore l’avocate.

Dans les faits, les arrivées par mer n’ont jamais été aussi faibles. 363.504 migrants en 2016. Pour 171.635 en 2017. Malgré cette baisse effective, l’Union européenne ne cesse de durcir son discours.

"Ce n’est pas tellement la situation des migrants elle-même et de la quantité, on va dire le nombre de migrants qui arrivent en Europe, qui expliquent la crispation actuelle. C’est sans doute plutôt les situations politiques intérieures, qui elles-mêmes peuvent être liées à la façon dont on a plus ou moins bien ou plus ou moins mal géré la crise. On le voit, il y a une montée des partis populistes avec des discours anti-immigrés assez fort dans de nombreux Etats membres", explique Denis Duez, le président de l’Institut d’Etudes européennes.


L'échec des Etats

L’incapacité des Etats à se montrer solidaires a conduit à l’échec de la politique de relocalisation des réfugiés en 2015. Certains aujourd’hui proposent de renvoyer les migrants encore plus loin.

"Nous sommes présents dans ces différents pays, en Turquie, au Liban, en Jordanie et on voit ces tensions. Donc nous sommes responsables d’attirer l’attention de nos Hommes politiques sur les tensions que ça va générer partout où ils vont installer ces systèmes-là, ailleurs en Afrique", souligne Pierre Verberen, le directeur général de Médecins du Monde Belgique.

Ces tensions n’apportent pas de solutions, selon les associations humanitaires mais donnent l’illusion que le problème est ailleurs.

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