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Il y a un an, l'attentat de London Bridge: "mon monde s'est écroulé"

Le Royaume-Uni commémorera dimanche l'attentat de London Bridge, qui avait fait huit morts et une cinquantaine de blessés le 3 juin 2017. Christine Delcros s'en souvient: elle était sur le pont, elle y a perdu son compagnon.

En cette soirée de printemps, et comme tous les samedis, il y a foule dans ce quartier animé du centre de la capitale britannique. La finale de la Ligue des champions vient de s'achever, beaucoup de spectateurs ont suivi le match dans les bars.

Christine Delcros, une Française de 46 ans résidant en région parisienne, se trouve à Londres pour "un week-end en amoureux" avec Xavier Thomas, 45 ans, Français également.

Ils se dirigent vers le Shard, le plus haut gratte-ciel de Londres, où ils comptent prendre un cocktail en "admirant la vue en haut de la tour", quand une camionnette roulant à vive allure sur le London Bridge fonce sur la foule.

"Je me rappelle uniquement de ce moment surréaliste où je vois un camion fou monter sur le trottoir en zigzagant pour être sûr de ne pas nous louper", raconte-t-elle à l'AFP.

"J'ai eu juste le temps de me dire: +C'est comme cela que l'on meurt!+. Je n'ai même pas pu dire une dernière fois à Xavier à quel point je l'aimais ni le regarder".

Percutée par le véhicule, elle est "gravement blessée". Le corps de son compagnon sera retrouvé, quelques jours plus tard, dans la Tamise.

La camionnette finit sa course dans une clôture près de la cathédrale de Southwark, sur la rive sud du fleuve. Trois assaillants armés de couteaux en sortent et se précipitent dans des bars proches de Borough Market, lieu couru de la vie nocturne londonienne, et poignardent fêtards et passants.

Ils sont abattus par la police, huit minutes après le premier appel d'urgence. Ils portaient de faux gilets explosifs pour accroître la panique et plusieurs témoins ont raconté les avoir entendus crier "C'est pour Allah!".

- 'Mon monde s'est écroulé' -

L'attentat, revendiqué par l'organisation jihadiste Etat islamique (EI), s'inscrit dans une vague d'attaques qui ont fait 35 morts en l'espace de six mois au Royaume-Uni en 2017. Il a lieu quelques semaines après celui perpétré près du Parlement de Londres (5 morts le 22 mars 2017), et l'attentat suicide de Manchester (22 morts le 22 mai 2017).

Un an plus tard, Christine Delcros en a conservé de lourdes séquelles. "Je suis toujours en arrêt longue maladie et je n'ai donc pas repris mon travail. Je poursuis mon hospitalisation deux jours par semaine à l’hôpital des Invalides", dit-elle.

"Au niveau psychologique, les blessures sont invisibles et pourtant les plus conséquentes", poursuit-elle. "C'est tout mon monde qui s'est écroulé".

"Je reste traumatisée par la perte de l’amour de ma vie dans des circonstances qui dépassent l'entendement", dit-elle, en décrivant un homme "si attentionné", "doté d'un vrai sens de l'humour".

"Vivre à fond pour n'avoir aucun regret, telle était sa devise", se souvient-elle.

Aujourd'hui, "je me bats tous les jours pour faire face en puisant au plus profond de moi dans cet amour intense que je porte à Xavier (...) et pour nos enfants, pour ne pas les faire souffrir davantage".

Christine Delcros sera dimanche à Londres pour prendre part aux commémorations. A 15H00 (14H00 GMT), un service religieux sera organisé en la cathédrale de Southwark. Lors de la cérémonie, des bougies seront allumées pour chacune des huit personnes ayant perdu la vie - trois Français, deux Australiennes, une Canadienne, un Espagnol et un Britannique.

Un olivier, baptisé "Arbre de l'apaisement" sera également planté sur le terrain de l'édifice religieux avec du compost tiré des fleurs déposées pour les victimes.

S'en suivra une procession jusqu'au London Bridge, avant une minute de silence, à 16H30 (15H30 GMT), et des prises de parole.

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