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Italie : la coalition de droite affiche son unité, le M5S ses experts

Silvio Berlusconi a dirigé jeudi une manifestation d'unité de sa coalition hétéroclite de droite-extrême droite pour les élections de dimanche en Italie, au moment où le Mouvement 5 étoiles (M5S, populiste) présentait un gouvernement virtuel composé d'experts.

Le vieux magnat des médias, à la tête de Forza Italia (FI, centre droit) et de la coalition qui fait la course en tête selon les sondages mais n'est pas du tout assurée d'obtenir la majorité absolue au Parlement, n'a pas hésité à faire un peu d'ombre à ses partenaires.

Arrivé bon dernier, il a savouré les applaudissements de ses partisans et les cris de "Silvio, Silvio" lancés par de jeunes militants FI et pris les commandes de la réunion destinée à atténuer les signes tenaces de dissensions au sein de la coalition.

Tout sourire devant les objectifs, Matteo Salvini, le patron de la Ligue (extrême droite), et Giorgia Meloni, le leader de Fratelli d'Italia (FdI, extrême droite), ont cependant parfois laissé transparaître un léger malaise.

Les trois responsables politiques n'étaient d'ailleurs encore jamais apparus ensemble en public pendant cette campagne.

M. Salvini ne se cache pas de vouloir porter la Ligue devant FI pour prendre la direction d'un futur gouvernement, tandis que M. Berlusconi a annoncé jeudi soir que l'actuel président du Parlement européen, Antonio Tajani, l'un de ses fidèles de la première heure, serait chef du gouvernement en cas de victoire de la coalition.

Et même si M. Berlusconi a assuré qu'ils se parlaient "presque tous les jours" au téléphone, ils cloront leur campagne chacun de leur côté vendredi soir : M. Salvini devant ses partisans à Milan, M. Berlusconi en enchaînant les interviews télévisées.

- Mariage de raison -

Depuis le début de la campagne, le mariage de raison a cependant révélé les fissures internes entre la ligne relativement modérée et plutôt pro-européenne de M. Berlusconi et celle beaucoup plus à droite et opposée à Bruxelles de M. Salvini et de Mme Meloni.

Tous trois s'entendent en revanche sur la mise en place d'un impôt sur le revenu uniforme (flat tax), le blocage des arrivées de migrants et le rapatriement de centaines de milliers de clandestins. Un programme qui coûterait de 136 à 310 milliards d'euros selon les estimations d'économistes.

Les trois alliés s'accordent aussi pour critiquer l'amateurisme du M5S et le bilan du Parti démocrate (PD, centre gauche) au pouvoir, accusé d'avoir créé "trois millions de pauvres en plus".

Une série de bons chiffres économiques ont cependant été rendus publics jeudi en Italie : croissance du PIB revue à la hausse, déficit public au plus bas depuis 10 ans... Même si nombre d'Italiens se sentent exclus de cette reprise.

Au même moment, dans un autre quartier de Rome, Luigi Di Maio, 31 ans, candidat du M5S au poste de chef du gouvernement, a présenté une équipe de 17 ministres, pour la plupart issus de la société civile.

Un général des carabiniers, un économiste, un champion olympique de natation, une criminologue... Autant de compétences pour contrecarrer les objections sur l'inexpérience du jeune Luigi Di Maio. Et trois femmes aux trois principaux postes (Intérieur, Affaires étrangères et Défense).

- Climat tendu -

"Certains se sont moqués de nous" pour ce choix de présenter une équipe gouvernementale virtuelle, une pratique inédite en Italie, "mais c'est nous qui rirons lundi lorsque, probablement, les Italiens nous auront placés à 40%", a déclaré M. Di Maio.

En vertu d'un mode de scrutin complexe alliant proportionnelle et scrutin majoritaire, les experts estiment entre 40 et 45% le pourcentage des voix nécessaires pour obtenir la majorité absolue des sièges dans les deux chambres.

Selon les derniers sondages disponibles - leur publication est interdite dans les 15 jours précédant le scrutin -, le M5S était crédité de 28% des intentions de vote. La coalition de droite/extrême droite était loin devant à 37% et celle de centre gauche actuellement au pouvoir juste derrière à 27%.

Mais il y avait encore des millions d'indécis. Et en 2013, le M5S était passé de 19/20% des intentions de vote 15 jours avant le scrutin à 25% des voix le jour du vote.

Et alors que la campagne a été marquée par des affrontements réguliers entre forces de l'ordre et militants d'extrême gauche protestant contre des rassemblements d'extrême droite, la tension s'est portée jeudi soir sur le meeting de clôture du mouvement néofasciste CasaPound, qui s'est finalement déroulé dans le calme.

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