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Italie: les 450 migrants ont tous débarqué

Les quelque 450 migrants qui se trouvaient à bord de deux navires militaires dans les eaux italiennes ont tous débarqué en Sicile, très affaiblis par la détention en Libye et le voyage qui a coûté la vie à quatre Somaliens.

Après deux journées dans la rade de Pozzallo (Sicile), ponctuées de quelques évacuations médicales d'urgence, les navires ont été autorisés à entrer dans le port et tous les passagers ont pu descendre, en pleine nuit.

La décision du gouvernement italien fait suite à l'engagement de cinq pays de l'Union européenne -- la France, l'Espagne, le Portugal, Malte et l'Allemagne -- de prendre chacun 50 de ces migrants.

"Aujourd'hui, pour la première fois, nous pouvons dire que les migrants ont débarqué en Europe", a commenté avec satisfaction la présidence du Conseil des ministres.

La Commission européenne a cependant appelé à trouver des solutions "durables" et "mutuellement acceptées", en évoquant des "centres contrôlés" dans l'UE, où les personnes secourues seraient transférées avant d'être réparties au sein de l'UE.

L'Italie se plaint depuis des années d'être abandonnée par l'UE face à l'arrivée de centaines de milliers de personnes depuis 2013 sur ses côtes.

Selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), les migrants débarqués à Pozzallo, originaires principalement d'Erythrée et de Somalie, se trouvent dans un grand état de faiblesse: malnutrition, déshydratation, gale et séquelles des abus subis dans des centres de détention informels en Libye.

Ils sont partis de Zouara mercredi et se sont vite retrouvés à cours d'eau et de vivres. Vendredi matin, ils ont aperçu un navire et une trentaine de personnes ont sauté à l'eau pour tenter, en vain, de le rejoindre. Mais quatre d'entre eux, des Somaliens dont le plus jeune avait 17 ans, n'ont pas réussi à regagner le bateau et se sont noyés, selon le récit de leurs proches à l'OIM.

Il est cependant probable que le navire ait été conscient de leur présence: les autorités italiennes ont annoncé avoir repéré le bateau de pêche vendredi à l'aube, dans les eaux internationales mais la zone de secours maltaise.

Rome a alors tenté d'obtenir que Malte prenne les migrants en charge, mais La Valette a fait valoir que l'embarcation était bien plus proche de l'île italienne de Lampedusa que de ses propres eaux.

Deux navires militaires -- l'un de la police italienne et l'autre britannique engagé dans le dispositif de l'agence européenne Frontex -- ont finalement pris les migrants à bord vendredi soir.

Dans une interview au quotidien catholique italien Avvenire, l'amiral Vittorio Alessandro, ancien responsable des garde-côtes italiens, a souligné que le retour à l'usage des gros bateaux de pêche relançait le risque de naufrages dévastateurs.

Il a aussi évoqué les difficultés de ses anciens collègues face à la fermeté affichée par le gouvernement italien: "En mer il y a la règle du sauvetage comme priorité. Le reste vient après. Je pense que je partage avec tous les marins que j'ai côtoyés un embarras et un grand sentiment d'impuissance".

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