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Italie: les différents scénarios après les législatives

Les Italiens ont voté dimanche, à droite et pour les forces antisystème, mais sans parvenir à dégager une majorité claire, selon les premières indications, ce qui laisse envisager plusieurs scénarios possibles, selon les experts.

- Coalition droite/extrême droite -

Comme l'avaient annoncé les sondages, la coalition rassemblant Forza Italia (FI, centre droit) de Silvio Berlusconi et la Ligue (extrême droite) de Matteo Salvini a recueilli environ 37% des voix, selon des résultats partiels portant sur près de 90% des bureaux de vote.

Mais à la surprise générale, c'est la Ligue qui a recueilli 18% des voix, largement devant FI (14%).

Compte tenu de la complexité du système électoral, qui mêle scrutins proportionnel et majoritaire, il est encore trop tôt pour connaître la traduction de ces votes en nombre de députés et de sénateurs, mais la majorité absolue semble d'ores et déjà hors de portée.

Si cela devait être le cas, il est certain que M. Salvini revendiquera la direction de la coalition et d'un éventuel gouvernement ... même si rien n'assure que M. Berlusconi tiendra sa parole et se rangera bien derrière lui.

- Gouvernement 5 étoiles -

Le Mouvement 5 étoiles, né en 2009 sur le rejet de la vieille classe politique, est devenu le premier parti du pays et frôle les 32%. Mais cela sera insuffisant pour obtenir une majorité au Parlement.

Une alliance "antisystème" entre le M5S et la Ligue semble la seule susceptible d'obtenir cette majorité, même si elle donne des sueurs froides à Bruxelles.

Mais les dirigeants des deux formations ont jusqu'à présent catégoriquement rejeté cette éventualité, et une partie de leurs troupes pourraient avoir du mal à suivre s'ils changent d'avis.

Une autre option serait de discuter avec le Parti démocrate (PD, centre gauche) et les petits partis de gauche. Il faudrait probablement pour cela que Matteo Renzi, qui a juré de ne jamais faire alliance avec les "extrémistes", cède la direction du PD à quelqu'un de plus compatible. De telles discussions avaient eu lieu en 2013, sans aboutir à un accord. Mais, le M5S a changé et Luigi Di Maio s'est montré plus ouvert au dialogue. De plus, avec 19% des voix, le PD n'est plus en position de force.

- Grande coalition -

Bruxelles et les marchés financiers misaient sur une sorte de +grande alliance+ à l'allemande entre FI et le PD, avec le soutien de petites formations europhiles, voire de quelques transfuges de la Ligue.

Mais les chiffres actuellement disponibles ne permettent pas de l'envisager.

Même si le nouveau système électoral donnait un petit avantage aux candidats bien implantés dans leurs circonscriptions, les petits nouveaux du M5S ont tout balayé, en particulier dans le Sud.

Selon les projections des médias à partir des résultats encore partiels lundi matin, le PD n'aurait que 107 députés et FI 102: même en ajoutant les petits partis, qui n'ont pas brillé dimanche, le total est encore loin de la majorité de 316 députés.

- Pas de majorité -

Si aucune majorité ne se dessine, le président de la République Sergio Mattarella devrait laisser en place le gouvernement actuel de Paolo Gentiloni (centre gauche), qui n'a pas besoin de demander la confiance du nouveau Parlement pour gérer les affaires courantes. Le temps éventuellement de convoquer de nouvelles élections, avant, certains l'avancent, le vote d'une nouvelle loi électorale.

Reste que la procédure va prendre du temps. Les deux chambres se réuniront pour la première fois ... le 23 mars pour élire les deux présidents et constituer les groupes. Alors seulement, M. Mattarella entamera ses consultations.

Pas de quoi surprendre l'Italie qui a appris à vivre dans l'incertitude: elle a connu plus de 60 gouvernements depuis le début de la République en 1946.

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