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Italie : Matteo Salvini et les uniformes de la discorde

Le ministre italien de l'Intérieur Matteo Salvini s'affiche désormais presque toujours avec une veste de police, ce qui fait à la fois rire et frémir dans son pays.

Le patron de l'extrême droite italienne a toujours été attentif à sa garde-robe, dédaignant ostensiblement les costumes guindés et préférant les t-shirts frappés de son message du jour.

A son arrivée au ministère de l'Intérieur en juin, il a commencé à enfiler à l'occasion, peut-être seulement un peu plus souvent que ses prédécesseurs, une veste du service de police, de pompiers ou encore de protection civile auquel il rendait visite.

Mais dans un pays qui a vécu plus de deux décennies sous la coupe d'un dirigeant d'extrême droite féru d'uniformes, les photos ont fait réagir l'opposition.

Du coup, le barbu volontiers provocateur ne se montre quasiment plus en civil, expliquant vouloir ainsi montrer sa solidarité avec les forces de l'ordre dépendant de son ministère.

Au risque de flirter avec l'illégalité: quand il s'affiche avec le grade de capitaine lors d'un meeting en Sardaigne ou quand il pénètre cette semaine avec une veste de police à l'intérieur du Parlement, où les forces de l'ordre n'ont normalement pas accès.

La gauche s'étrangle d'indignation, la presse ironise et internet se gausse: le site internet salvinification.it permet de tirer au hasard un nouveau costume pour l'homme fort du gouvernement: policier, super-héros, mousquetaire, moine, SS, garde suisse, danseuse de samba...

Plus sérieux, le syndicat de police Silp-Cgil (gauche) a dénoncé jeudi une coupe de 2 millions d'euros dans le budget pour habiller les nouveaux agents, "à commencer par les 1.200 jeunes qui vont prendre leurs fonctions le 13 février", alors que les moyens matériels manquent déjà cruellement dans les services "depuis des années".

M. Salvini a répliqué vendredi qu'il lancerait "dans les prochaines semaines" un appel d'offres pour "au moins 30.000 nouveaux uniformes", dans le cadre d'un plan d'investissements de 100 millions d'euros sur trois ans.

Mais le malaise des forces de l'ordre est réel: cette semaine, le patron de la police Franco Gabrielli a rappelé que les politiques de non-renouvellement des départs en retraite engagées au début des années 2000 avaient fait passer les effectifs de 117.000 à 98.000 agents, parmi lesquels près de 40.000 devraient prendre leur retraite dans la prochaine décennie.

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