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Joseph Muscat, un politicien habile, à l'étoile ternie par l'affaire Daphne Caruana

Ambitieux et habile, Joseph Muscat, poussé vers la sortie par l'enquête sur la mort de Daphne Caruana, avait connu une ascension fulgurante à Malte, devenant Premier ministre à 39 ans en 2013 et il s'était maintenu au pouvoir en 2017, malgré des scandales de corruption touchant son entourage proche.

Blondinet naturellement souriant, M. Muscat, 45 ans, a démarré sa vie professionnelle comme journaliste de 1992 à 1997 dans des médias du Parti travailliste où il est entré tout jeune, tout en travaillant comme consultant financier.

Né le 22 janvier 1974 à Pieta, ce fils unique issu d'une famille modeste et rurale qui dit "apprécier sa propre compagnie", après des études chez les Jésuites, obtient un diplôme à l'Université de Malte en politique publique et questions européennes. Puis un doctorat en management à l'Université de Bristol au Royaume-Uni.

Il est élu député européen en 2004 lors des premières élections européennes tenues dans l'archipel, qui vient alors de rejoindre l'Union. Mais il démissionne de son mandat après avoir été propulsé chef du Parti travailliste en 2008. Il devient Premier ministre en 2013 après la victoire de son parti aux législatives, alors qu'il n'a que 39 ans.

Considéré parfois comme "trop jeune et trop sûr de lui", ce proche de l'ancien Premier ministre Alfred Sant, a réussi à conquérir la vieille garde et la jeune, en évitant de les opposer, apportant un bol d'air dans la politique maltaise, selon les journaux de l'époque. Il connaît par coeur les arcanes du Parti dont il sera nommé trésorier à 20 ans (de 1994 à 1997).

Peu marqué idéologiquement, il se positionne dans l'aile progressiste modérée, tout en se montrant "déterminé, pragmatique et doté de bon sens" quand il s'agit de changer les statuts du parti, son adjoint ou le secrétaire général de la formation, selon les éditorialistes maltais.

Très populaire, ce père de deux jumelles de 12 ans aux prénoms poétiques (Etoile Ella et Soleil Sophie) est réélu magistralement en juin 2017, surfant sur la réussite économique de l'archipel, qui a connu un taux de croissance trois fois plus élevé que la moyenne de l'Union européenne en 2018 (6,6%).

- Pari gagné en 2017 -

Pour la première fois depuis l'indépendance de la Grande-Bretagne en 1964, les travaillistes maltais gagnent deux élections consécutives. Les électeurs le plébiscitent malgré des accusations de corruption, grâce aussi au vote homosexuel, après avoir promulgué une législation autorisant les unions du même sexe.

Pourtant à l'époque la campagne électorale se focalise sur la publication des Panama Papers, la colossale enquête journalistique, qui révèle l'existence au Panama de nombreux comptes offshore ouverts par des personnalités du monde entier.

La journaliste d'investigation Daphne Caruana Galizia, tuée dans l'explosion de sa voiture piégée quelques mois plus tard (octobre 2017) creuse la partie maltaise des Panama Papers.

Le chef de cabinet de M. Muscat, Keith Schembri et l'un de ses ministres, Konrad Mizzi, sont contraints de reconnaître avoir ouvert des comptes au Panama, après les révélations contenues dans les milliers de documents du cabinet Mossack Fonseca. M. Muscat est à l'époque très critiqué parce qu'il refuse de les obliger à démissionner.

L'enquête rejaillit aussi à l'époque sur sa femme Michelle, qui est soupçonnée d'avoir ouvert un compte au Panama pour y dissimuler des pots-de-vin en provenance d'Azerbaïdjan. M. Muscat décide alors de convoquer des législatives anticipées, un an avant la fin de son mandat, dans l'espoir de retrouver une légitimité - avec succès, le Parti travailliste conserve sa majorité absolue.

Ces dernières semaines, l'affaire Daphne est revenue sur le devant de la scène après l'arrestation d'un intermédiaire du meurtre, un chauffeur de taxi et usurier. Ce dernier a obtenu une immunité en échange d'informations et dès le lendemain, les magistrats maltais ont intercepté l'homme d'affaires Yorgen Fenech, alors qu'il tentait de fuir Malte.

M. Fenech qui est considéré comme le principal suspect dans l'assassinat, était le propriétaire de la 17 Black, une société de Dubaï qui aurait versé 2 millions d'euros à l'ex-chef de cabinet de M. Muscat et à son ministre de l'Energie de l'époque Mizzi pour des services non précisés.

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