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L'Aquarius dans l'attente d'un port pour débarquer ses 58 migrants

L'Aquarius, qui demande à la France un feu vert "exceptionnel" pour débarquer ses 58 migrants, attendait mardi la réponse des autorités françaises, qui rappellent la proximité géographique du navire humanitaire avec Malte dans l'optique d'une réponse européenne espérée "dans la journée".

- OU EST L'AQUARIUS ?

Le navire humanitaire, qui a fait monter les enchères lundi en annonçant faire route vers Marseille, se trouvait toujours mardi matin à environ 75 milles marins des côtes libyennes, selon le site onboardaquarius.org.

Sa destination finale n'a pas changé, indique-t-on chez MSF, qui affrète le navire avec SOS Méditerranée: "Il fait route vers le nord", même s'il a dû pendant la nuit se dérouter après avoir reçu un appel pour un navire en détresse "chargé d'une centaine de personnes". "L'Aquarius a proposé de récupérer les naufragés" mais "apparemment c'est un navire marchand qui les a secourus", a-t-on précisé.

Les responsables de SOS Méditerranée avaient demandé lundi à la France d'autoriser un débarquement "exceptionnel" à titre "humanitaire", en précisant qu'il fallait "environ quatre jours" au navire pour gagner Marseille. Difficile d'être plus précis sur la date, l'Aquarius pouvant à tout moment "être mobilisé" sur un autre sauvetage, avaient-ils souligné.

- POURQUOI MARSEILLE ?

Il faut d'abord débarquer les 58 naufragés "épuisés" et "en détresse psychologique", dont 17 femmes et 18 mineurs, d'après les ONG.

Mais il y a un autre problème: Panama lui ayant retiré son pavillon, l'Aquarius risque de devenir un navire fantôme, privé d'immatriculation, dès qu'il aura touché terre. De ce fait, "le port de Marseille est le seul envisageable" en tant que "port d'attache du navire", a affirmé lundi le responsable des opérations de SOS Méditerranée, Frédéric Penard.

Avec leur annonce choc, les ONG veulent aussi attirer l'attention sur "les dommages collatéraux" d'une stratégie provoquant "plus de noyades en mer", selon Pierre Mendiharat de MSF.

L'Aquarius est en effet aujourd'hui "le seul navire de sauvetage civil en Méditerranée centrale" qui est "la plus mortelle du monde", martèlent les ONG, avec "plus de 1.250" noyés depuis le début de l'année.

- QUE REPOND PARIS ?

"On est clair sur le fait qu'il ne faut pas faire quatre ou cinq jours de mer (...) Il faut le faire débarquer rapidement et il est aujourd'hui proche de Malte", a indiqué mardi l'Elysée, laissant entendre que le port de La Valette pourrait être sollicité pour un débarquement.

Dès lundi, Matignon avait souligné l'importance d'une "solution européenne" selon le principe "du port sûr le plus proche" - réponse qui pourrait être trouvée "dans la journée", selon la ministre des Affaires européennes, Nathalie Loiseau.

Cette doctrine, issue du droit de la mer, a prévalu pendant tout l'été lorsque l'Italie a fermé ses ports aux migrants: les côtes françaises n'étant pas au plus près des navires, leurs ports n'ont pas à être sollicités.

La position français doit aussi se lire à l'aune du bras de fer engagé avec le gouvernement italien sur la question migratoire. La solidarité européenne est "indispensable", a rappelé Nathalie Loiseau. "On ne peut pas tomber dans le chantage de Salvini", résume un bon connaisseur du dossier.

Mais la gauche est montée unanimement au créneau mardi pour dénoncer l'attitude "irresponsable" et "inacceptable" de l'exécutif, tandis que Marine Le Pen dénonçait la "démarche politique" de l'ONG.

- UNE SOLUTION MALTAISE ?

Tout éventuel débarquement est évidemment suspendu au feu vert des autorités du pays concerné.

Malte avait déjà accueilli l'Aquarius à la mi-août avec 141 migrants, et le Lifeline fin juin (233 rescapés). Mais à chaque fois, La Valette avait exigé des garanties de ses partenaires européens avant d'ouvrir son port, pour que les réfugiés à bord des bateaux soient répartis dans d'autres Etats.

Pour les migrants qui seront débarqués, "nous espérons que ce type de mécanisme pourra être déployé à nouveau", a fait valoir lundi Assiba Hadj-Sahraoui de MSF.

Reste le problème du pavillon pour le navire, qui a appelé les Etats européens à trouver une solution.

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